Il est incroyable de constater à quel point les parents sont dans la ligne de mire, protagonistes parfaits d’une société de consommation, d’une structure qui demande toujours plus pour ne pas perdre ce temps précieux, où la compétition, la comparaison et la concurrence sont de féroces valeurs véhiculées. Alors que, pourtant, le recul, la conscience, le temps qui perle sur nous est une nécessité pour appréhender au mieux la course folle de notre vie moderne, parfois si douloureusement assumée.
Et si, survivre à notre quotidien et ses exigences était bien assez. Et si, nous nous accordions le temps de ne rien faire, et de l’assumer. Nous sommes si formatés à toujours produire, exécuter, franchir, courir, que chaque projet décalé, non terminé ou abandonné est un poids de plus sur nos épaules. Une culpabilité mal délimitée, insistante et insidieuse. Nous sommes toujours poussés à plus, comme pour nous faire oublier l’ancrage, le bien-être, la nature de l’homme.
Les périodes de calme, de retrait, de procrastination, sont nécessaires et saines. Elles permettent le recul, le tri dans les justes cases, le changement de perspective, une analyse plus réaliste de notre quotidien et ses perceptions.
Le repos est le préambule de chaque projet, de chaque pas. Respirons, acceptons l’imperfection; être ami de la réalité est le plus grand gage de sérénité. Essayer de ne pas transposer, anticiper ou prévoir et juste observer ce qui se passe, profiter de ses sensations ouvre de nouvelles trajectoires. Le deuil de tout ce qui a été ou tout ce qu’on aurait voulu qui soit peut alors se faire en douceur, en accueillant l’acceptation de ce qui est, de ce qui vit, de ce qui se présente à nous, simplement.
La société valorise énormément l’action, le temps de l’effort et les emplois du temps chargés, sûrement par peur de ne pas tout réaliser en une seule vie, la crainte de ne pas avoir des existences pleines, peut-être des regrets aussi. Mais pourtant, les grands moments de plaisir sont souvent ces phases où le corps et l’âme contemplent, rechargent, se gorgent de douceur, patiemment, lentement.
Être créatif et construire prend du temps. Celui qui court vers l’objectif ne vit pas l’expérience dans son entièreté. Le rythme est subjectif, mais l’ensemble du projet est nécessaire.
Alors, si vous décidez de ne rien faire, de rester en pyjama la fin de semaine, de manger les restes, de jouer au lit, de prendre un bain en plein après-midi, vos enfants auront, eux aussi, la chance de pouvoir se déposer, se reposer, souffler de leur vie effrénée et réaliser comme il est bon de savourer cette énergie lente et rassurante, de sentir que le temps qui passe a un impact positif au lieu d’un risque de manque.
Les meilleurs souvenirs sont souvent ceux qui nous en demandent le moins, les moments de grâce sont, la plupart du temps, des instants spontanés. Regarder grandir nos enfants est un luxe que nous ne nous accordons pas assez souvent. Parce que, lorsque nous ne sommes pas pressés, il n’est pas rare que nous percevions une tout autre réalité.
Ne brûlons pas les étapes, vivre cela prend toute une vie!