Grossesse/Maternité

Porter l’enfant d’une autre

Difficile de s’imaginer en train de laisser à un autre un enfant à qui on vient de donner la vie. Pourtant, pour certaines, c’est la plus belle expérience qui soit.

Une mère qui s’imagine porter l’enfant de quelqu’un d’autre pense immédiatement au moment où elle devra s’en séparer, après l’avoir aidé à se développer et l’avoir mis au monde. On imagine la tristesse et la solitude, l’ennui et la séparation. Pourtant, après avoir parlé une heure avec Line Picard-Deschenes, il est possible que ce soit tout le contraire. Cette femme d’une générosité et d’une noblesse exemplaires a accepté de nous raconter ses souvenirs heureux avec une tendresse et un humour qui nous ramène à l’essence même de la générosité, celle qui permet de donner la vie à ceux qui n’en auraient pas eu la chance.

Afin de mieux comprendre cette intervention méconnue, voici donc l’histoire de Line Picard-Deschenes, mère porteuse et auteure.

La décision

Line Picard-Deschenes est l’une de ces femmes qui rayonnent pendant la grossesse. Après avoir eu deux enfants bien à elle, cette enseignante du primaire ne pouvait pas croire que cette belle période était terminée. « Une collègue m’a dit, “tu n’as qu’à être mère porteuse si tu aimes tant être enceinte!” Au début, j’en riais, je me disais que c’était juste bon pour les hippies, raconte-t-elle en riant, mais l’idée a fini par germer ». Après être parvenue à convaincre ses frères avocats qui étaient contre l’idée et sa mère inquiète, c’est avec le soutien de son mari que Line Picard-Deschenes a fait le grand saut.

Bon à savoir

En Ontario, la grossesse et l’accouchement sont régis par la Common Law et non par le Code civil, comme au Québec. Ici, les mères porteuses et les parents doivent se fier à la bonne volonté les uns des autres et la femme qui accouche devient automatiquement la mère de l’enfant. C’est pourquoi il y a davantage de mères porteuses en Ontario qu'au Québec.

Le choix

Ce n’est pas un hasard si nous n’entendons pas souvent parler de mères porteuses. En effet, même si cette solution est très intéressante pour aider des couples infertiles à avoir un enfant, les lois, l’impossibilité d’être rémunérée pour être une mère porteuse, les procédures précédant l’insémination et la peur d’avoir le sentiment d’abandonner son enfant effraient beaucoup de candidates potentielles. Selon Line Picard-Deschenes, ces craintes sont injustifiées, mais sont toujours bien réelles et seront véhiculées tant que la législation ne changera pas.

Malgré tout, selon elle, cette rareté permet aux mères porteuses de choisir les parents avec qui elles feront affaire. « Il y a toutes sortes de parents. On m’a offert de m’envoyer les embryons par Purolator et d’organiser le ramassage du bébé après l’accouchement, comme on m’a offert une chambre dans la maison pour qu’on vive tous ensemble comme une famille jusqu’à l’accouchement. C’est une chance pour les mères porteuses de pouvoir choisir quelqu’un avec qui on se sent bien et c’est ce qui m’est arrivé avec Sylvie et Guy, un couple de Montréal, nous raconte-t-elle. Je voulais leur donner accès aux écographies, à l’accouchement et à vivre toute l’expérience d’être mère, à tout ce qui est agréable de la grossesse. »

Les préparatifs

En plus des doses importantes d’hormones que doit prendre la future mère afin d’aider son corps à accueillir les embryons, toutes les personnes concernées doivent se soumettre à un test psychologique. « C’est un très grand acte de confiance pour chacun des adultes impliqués et le psychologue doit évaluer la capacité de tous à vivre une telle expérience. Il nous donne aussi des trucs vraiment pertinents afin que nous commencions tous l’aventure avec une perception réaliste ».

Les futurs parents et la mère porteuse doivent également rencontrer un avocat qui rédigera les détails de leur entente, que ce soit pour prévoir les conséquences d’un divorce, de la mort d’un des parents biologiques ou les conséquences de porter un enfant handicapé. C’est aussi cet avocat qui aide à déterminer les dépenses dites « raisonnables » de la mère porteuse qui sont les seuls montants d’argent qu’elle est légalement autorisée à accepter.

Pour augmenter les chances de réussite, trois embryons ont été implantés dans l’utérus de Line Picard-Deschenes et deux d’entre eux ont survécu, réalisant enfin le rêve des parents biologiques. C’est donc une grossesse gémellaire que la mère porteuse a menée à terme.

Comme les dépenses raisonnables ne sont pas règlementées, il est impératif de les déterminer au tout début de l’entente entre les parents et la mère porteuse afin d’éviter de payer des montants faramineux ou de donner l’impression d’avoir payé la mère porteuse, ce qui serait jugé illégal et pourrait même compliquer les procédures d’adoption.

Expliquer aux enfants

Puisque Line Picard-Deschenes a deux filles et toute une classe d’enfants à qui elle a dû expliquer qu’ils ne rencontreraient pas ce bébé qu’elle avait dans son ventre, elle a choisi d’expliquer cette situation à sa façon. « Le ventre de la maman est brisé, leur a-t-elle dit, le médecin ne savait pas comment réparer son ventre alors je lui prête le mien pour faire pousser son bébé ». Cette histoire a permis aux filles de comprendre le volet altruiste de cette grossesse et d’accepter qu’elles n’auraient pas de petits frères suite à cette grossesse.

L’accouchement

Lors de son accouchement, Line Picard-Deschenes était accompagnée de sa doula et marraine d’allaitement, qu’elle avait d’ailleurs rencontrée sur Mamanpourlavie.com. « Parce que j’ai accouché de jumeaux, il y avait davantage de personnel médical dans la chambre, même si l’accouchement naturel s’est bien déroulé. C’était comme un party dans la chambre, les parents étaient contents d’accueillir leurs bébés, les infirmières sautaient de joie, tout le monde était heureux. Je ne me sentais pas comme si je me faisais enlever quelque chose, je me sentais comme si mes deux petits complices à qui j’avais parlé de leurs parents pendant toute la grossesse leur faisaient enfin la belle surprise que nous leur avions préparée ensemble », dit-elle.

Le moment qui suit l’accouchement est celui que redoutent le plus les mères porteuses et pourtant, « Quand tout le monde est parti, j’aurais pu me sentir seule et triste, mais au contraire — et je pense que ça a beaucoup à voir avec la préparation psychologique pendant la grossesse —, je me sentais zen. J’étais en paix avec moi-même et fière de ce que j’avais accompli », nous dit-elle.

Le secret de la réussite

Ce moment a tellement plu à notre gentille mère porteuse qu’elle a répété l’expérience avec une autre mère qui, cette fois, l’a trouvée sur un forum. Elle a donc porté cinq enfants au total. Selon elle, le secret de la réussite tient à une bonne préparation. « J’entends parfois des histoires qui se sont déroulées dans l’illégalité et sans accompagnement ni suivi psychologique et c’est compréhensible que ça tourne mal. Les futurs parents doivent mettre les chances de leur côté et prendre le temps de bien s’entourer. On ne parle pas de magasiner une voiture, on parle d’une vie humaine…», ajoute-t-elle.

Continuer de donner

Pour Line Picard Deschenes, il semble que sa générosité ne se soit pas concentrée dans des évènements ponctuels, mais qu’elle en ait fait un mode de vie. En effet, après avoir accouché des jumeaux de Sylvie et Guy, elle a décidé d’utiliser les trois mois de congé de maternité (sans enfant) dont elle disposait pour écrire un livre intitulé Aventures au pays des cigognes – Journal d’une mère porteuse (dont elle a même dessiné la page couverture) afin d’aider les parents infertiles et les mères porteuses potentielles à comprendre les tenants et les aboutissants de cette expérience hors du commun et bien peu documentée.

Elle a également partagé son lait maternel entre les jumeaux et une autre femme qui ne produisait pas assez de lait pour nourrir sa fille. À sa deuxième grossesse de mère porteuse, elle a aussi donné son lait maternel à une mère de jumelles dont une était trisomique et n’avait pas le réflexe de succion. Arrivant mal à pomper du lait en quantité suffisante pour cette deuxième enfant, Line Picard-Deschenes lui apportait le lait qui lui manquait.

La suite

Après toutes ces aventures, Line Picard-Deschenes a entrepris d’écrire et d’illustrer un livre pour enfants afin d’expliquer aux enfants nés d’une famille homoparentale, de la procréation assistée ou d’une mère porteuse, tous les détails de leur naissance dans des mots qu’ils peuvent comprendre. Pour elle, les grossesses sont terminées, mais c’est la tête et le cœur pleins d’émotions qu’elle continuera d’élever ses deux filles qui ont hérité de la générosité de leurs parents.

Que retient-elle de cette expérience?

« Tout ce qu’on reçoit de la vie, que ce soit la chance, le destin ou dieu, peu importe comment les gens choisissent d’en appeler la source, je crois qu’il faut le rendre. Je suis optimiste, j’ai un bon mari, de bons enfants, un bon réseau et je peux me permettre de passer au suivant… On a une vie à vivre et après, c’est fini et c’est agréable d’avoir une grosse maison, mais ça ne me nourrit pas, si je ne vivais pas pleinement, je resterais sur ma faim! »

Évidemment, elle avoue avoir vécu des moments plus difficiles, mais elle espère que d’autres parents brisés par l’impossibilité d’avoir des enfants auront un jour la chance de rencontrer la mère porteuse qui apportera un enfant dans leur vie.

Pour connaître le reste de cette fabuleuse histoire, vous pouvez vous procurer son livre ou consulter son blogue qui n'est plus mis à jour, mais qui demeure une bonne ressource pour se renseigner.

 

 

Image de Anne Costisella

Anne Costisella est diplômée en communication publique à l’Université Laval et maman de deux enfants. En plus d'être une rédactrice web d'expérience,  Anne est aussi l'auteure du blogue Techno Maman

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