Vous désirez tomber enceinte, mais vos essais se soldent par une fausse couche. La première chose à faire, on ne le répétera jamais assez, est d’avoir une bonne hygiène de vie.
Facile à dire, mais pas toujours facile à faire. Pourtant, lorsqu’on sait que le tabagisme, l’obésité, l’excès de caféine et le déficit nutritionnel sont tous, entre autres, des causes connues de fausses couches, la motivation pour changer nos habitudes de vie devrait être assez grande. « Il y a des choses que la femme elle-même peut faire pour diminuer le risque de fausse couche et avoir une grossesse normale : prendre son acide folique, faire de l’exercice, avoir un poids santé, arrêter l’alcool et la prise de substances comme la marijuana » mentionne Dre Lucie Morin, obstétricienne-gynécologue, spécialiste en médecine fœto-maternelle.
Est-ce vraiment une fausse couche?
Depuis que vous essayez d’avoir un bébé, vous calculez avec précision tous vos cycles et êtes alerte au moindre soubresaut, au moindre symptôme. C’est super. Mais il ne faut pas oublier qu’un cycle dure parfois 35-40 jours et ce, même si vous avez généralement des cycles de 28 jours. « Certaines femmes arrivent en nous disant qu’elles ont fait 10 fausses couches. En investiguant, on réalise que, sur le lot, peut-être 2 ou 3 étaient de réelles fausses couches », révèle Dre Morin.
En effet, il arrive souvent que les femmes qui ont un fort désir d’enfant interprètent des symptômes menstruels (seins douloureux, crampes, etc.) comme des signes de grossesse. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une investigation médicale pour fausses couches à répétition ne sera initiée qu’après deux fausses couches consécutives ou plus, confirmées au moins par un test de grossesse, ou encore par une échographie.
Dans la population générale, le risque de fausse couche est de 1 sur 5 grossesses, soit 15 %. Ce risque augmente avec l’âge maternel et, à partir de l’âge de 40 ans, on estime qu’il se situe à 1 sur 3 grossesses.
Quand consulter?
Après deux fausses couches successives ou plus, le risque de récidive est évalué à 30% chez les femmes de moins de 35 ans. C’est le double de la normale. On va donc consulter tout de suite après la deuxième fausse couche confirmée. « Les femmes qui font des fausses couches à répétition, on leur demande de venir tout de suite lorsqu’elles sont enceintes pour une échographie. Ça nous permet de voir où se rend l’évolution de la grossesse » indique Dre Morin.
Les différentes investigations médicales permettront de voir s’il y a une anomalie ou un désordre hormonal facilement traitable. « Est-ce qu’on trouve toujours le problème? Non », avoue l’obstétricienne-gynécologue.
Hyperthyroïdie, polype, fibrome... Dans certains cas, les causes des fausses couches sont faciles à traiter. Dans d’autres cas, par contre, des anomalies chromosomiques ou des anomalies de l’embryon à la conception en sont la cause, ce qui est hors de contrôle. Le corps rejette naturellement l’embryon non viable, il n’y a donc rien à faire pour l’en empêcher.
Finalement, une maladie génétique peut également être la cause des fausses couches. « Quand on parle de maladie génétique, on va orienter les couples vers le diagnostic préimplantatoire en fécondation in vitro. C’est un investissement, mais c’est souvent la solution pour un couple porteur d’une maladie génétique », informe Dre Morin.
La psychologie, un aspect non négligeable
Qui n’a jamais entendu l’histoire d’une femme qui ne réussissait jamais à tomber enceinte et qui, au moment de se tourner vers l’adoption, surprise! elle tombe enceinte? Dre Lucie Morin soutient que la psychologie, bien qu’on ne sache pas comment l’analyser scientifiquement, joue un rôle dans la reproduction. « De plus en plus, on reconnaît les effets du stress sur la santé. Ça joue sur les accouchements prématurés, le développement des cancers, etc. » souligne-t-elle.
L’obstétricienne-gynécologue est d’avis que le stress et l’angoisse peuvent avoir un impact sur notre santé et donc, sur notre capacité à nous reproduire. Pour apprendre à lâcher prise et avoir un regain d’optimisme, elle suggère notamment la méditation pleine conscience et l’acupuncture.
Référence
Fausses couches et avortements à répétition, publié sur le site du CHU Sainte-Justine, par Dre Camille Sylvestre et Dre Lucie Morin, mai 2017