Si cette pratique est encore peu répandue, ici au Québec, elle se pratique depuis des dizaines d’années dans plusieurs pays européens. D’autant plus que tant la future maman que son poupon ressent de nombreux bienfaits lors d’un tel accouchement.
L’ambiance lors d’une naissance dans l’eau reflète le calme. Une intimité s’installe. « Longtemps, je n’ai pas voulu d’enfant. J’avais un réel blocage face à l’accouchement. Un jour, j’ai vu un reportage à la télévision où une femme accouchait dans l’eau. Le déclic! Je voulais un enfant et je devais lui donner naissance ainsi, dans l’eau », explique Dominique Pesant, accompagnante à la naissance certifiée, qui a respecté sa promesse deux fois plutôt qu’une en donnant naissance à ses deux enfants dans l’eau. Son dernier accouchement a aussi été filmé pour l'émission Quand passe la cigogne présentée sur Canal Vie.
Lors d’une naissance aquatique, une douceur enveloppe autant la mère que l’enfant. Pour lui, son premier contact avec son « nouveau » monde est moins violent. La coupure est moins brusque. Son passage est apaisé par cet autre contact avec un liquide tiède (idéalement à la même température que le corps, 37 °C) qui lui rappelle le liquide amniotique dans lequel il a baigné pendant 9 mois. « Pour moi, la présence de l’eau lors de mes accouchements contribue à ce passage de la vie aquatique à l’aérienne, de l’ombre à la lumière. Elle permet une douce transition, tout en permettant à la mère de s’abandonner et de vivre ce moment avec plus de sérénité et de bien-être », précise Nicole Pino, accompagnante à la naissance et qui a accouché dans l’eau pour son troisième enfant.
Les accouchements dans l’eau constituent une pratique plus courante dans certains pays européens comme la Finlande et la Belgique à la suite des travaux, entre autres, de Michel Odent, un célèbre obstétricien. Les informations sur les naissances aquatiques se trouvent par miettes de ce côté-ci de l’océan. Pourtant au Québec, il est possible d’accoucher ainsi en maison de naissance ou même à la maison. En fait, le défi est d’abord d’avoir une place en maison de naissance ou trouver une sage-femme pour le suivi de grossesse. « En appelant à la maison de naissance pour avoir un suivi de grossesse avec une sage-femme, si on sait que l’on veut un accouchement dans l’eau, il est bon de tout de suite le préciser. Ce ne sont pas toutes les sages-femmes qui sont à l’aise avec un tel accouchement », explique Dominique Pesant, accompagnante à la naissance certifiée.
Mais pourquoi accoucher dans l’eau?
Démarche pleine de douceur et de calme, l’accouchement dans l’eau présente des bienfaits non seulement pour la maman, mais aussi pour le bébé.
Pour la future maman
- Réduction des douleurs des contractions
- Meilleure capacité respiratoire
- Détente des muscles
- Effet d’apesanteur qui permet une plus grande mobilité
- Meilleure dilatation du col de l’utérus, donc une durée de travail moins longue
- Meilleure élasticité des tissus et dilation du périnée (donc moins de risques de déchirure ou d’épisiotomie).
- Effet apaisant qui réduit le stress
- Abaissement de la tension artérielle
- L’eau a un effet porteur qui donne une sensation de légèreté
Pour le bébé
- Puisque les contractions de la mère sont plus efficaces, le bébé ressent moins le traumatisme de la naissance
- Réduction du stress
- Sortie et passage plus doux du milieu aquatique à l’air ambiant
- Contact peau à peau presque immédiat dans un climat calme.
Non! Il n’y a pas de danger que les bébés qui naissent dans l’eau avalent ou respirent de l’eau. Jusqu’à environ 4 mois, les bébés ont un réflexe de plongée qui fait en sorte qu’ils ne peuvent pas respirer dans l’eau. Lors d’une naissance dans l’eau, il prendra donc sa première respiration quand il sortira de l’eau. « On ne peut pas laisser longtemps le bébé dans l’eau, au cas où le placenta se détacherait, mais on prend quand même plus le temps de l’accueillir doucement », raconte Dominique Pesant.
D’autres effets peuvent être liés au fait d’être dans l’eau durant les différentes phases de l’accouchement. En effet, même en milieu hospitalier, les femmes qui utilisent le bain-tourbillon pendant leur travail éprouvent des bienfaits semblables. L’eau a un effet relaxant. Les muscles et les tensions se relâchent, le corps peut donc « mieux » travailler sans être confronté à une résistance (le corps a tendance à se crisper lors d’une contraction au lieu de la laisser passer doucement). La femme ressent souvent moins fortement les douleurs des contractions, car elle est plus détendue et plus « molle ». À l’hôpital, il n’y a que le bébé qui ne ressent pas tous les bienfaits d’une naissance dans l’eau. Il arrive parfois qu’une femme accouche dans l’eau, même à l’hôpital, si les poussées surviennent rapidement.
Ce qu’il faut savoir
- Il n’est pas nécessaire d’avoir une préparation spéciale pour accoucher dans l’eau. Toutefois, votre sage-femme pourra vous guider et vous informer si vous souhaitez avoir un accouchement dans l’eau.
- Il est possible d’accoucher dans un bain, mais certaines femmes installent une petite piscine chez elle lors d’accouchement à la maison. «Il faut que ce soit un bain assez grand. Sinon il est possible d’avoir une petite piscine gonflable », explique Dominique Pesant. Aussi pour nettoyer le bain, le spa ou la piscine, il est possible d’ajouter un peu de sel de mer – un antibactérien naturel - à votre eau.
- Habituellement, la température de l’eau tourne autour de 37 °C, la température du corps. Il n’est pas impossible de varier la température, mais on recherche toujours le confort de la mère.
- Au Québec, il est possible d’accoucher dans l’eau dans les maisons de naissance ou à la maison.
- Attention! Il existe quelques contre-indications à un accouchement dans l’eau : une grossesse à risques, une grossesse multiple et tous les autres types de grossesses que ne peuvent suivre habituellement les sages-femmes. Mais avant d’abandonner votre projet, téléphonez à une maison de naissance ou à une sage-femme.
Merci à Dominique Pesant, accompagnante à la naissance certifiée, pour ses précieuses informations.