« Au Québec, ça reste un peu tabou de s’intéresser à l’argent », déplore Paul Bourget, fondateur de l’Institut collégial de la littératie financière, qui offre des cours d’éducation financière au grand public dans trois cégeps. Et force est de constater que ce tabou n’existe pas qu’ici. Seulement le tiers des jeunes Canadiens de 10 à 17 ans discutent régulièrement d’argent avec leurs parents, selon un sondage réalisé en octobre 2012 par Ipsos Reid pour le compte d’ABC Life Literacy Canada. Et le quart d’entre eux n’abordent le sujet que très rarement, voire jamais.
Amorcez la discussion
Pourtant, ne pas discuter d’argent avec vos enfants est une erreur, avertit Marie J. Lachance, professeure titulaire en sciences de la consommation à l’Université Laval. Elle est d’avis qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer. Car, tout comme le parent doit apprendre à son enfant à marcher, il doit aussi lui enseigner des notions telles que la valeur de l’argent, le budget, les dépenses essentielles ou non, etc. Autant d’apprentissages qui lui éviteront, plus tard, de tomber dans les pièges de l’endettement et de la surconsommation.
« En discutant avec eux au moment d’effectuer certaines transactions, comme quand on va à l’épicerie, on peut facilement leur faire comprendre que les ressources financières sont limitées, qu’il faut faire des choix. » Par exemple, on peut expliquer que certaines dépenses, dont le loyer et l’électricité, sont obligatoires et doivent être priorisées. Si on veut aller au restaurant, il faut voir s’il reste de l’argent après ces paiements. Au fil du temps, cela permet aux enfants d’intégrer certaines valeurs, comme l’importance de bien gérer ses finances, de payer ses factures à temps ou d’être prudent dans ses dépenses.
Soyez concrète
Pour Camille Beaudoin, directeur de l’éducation financière à l’Autorité des marchés financiers, rien ne vaut les exercices pratiques. « Les enfants et les adolescents apprennent mieux en accomplissant des projets, avec un objectif clair », avance-t-il. Par exemple, si votre fille veut s’acheter un vêtement, laissez-la épargner pour le payer elle-même. Au moment de l’achat, discutez avec elle de la facture, des taxes, etc.
L’argent de poche devient ainsi un outil d’apprentissage intéressant, ajoute Marie J. Lachance. À condition de fixer certaines règles avec l’enfant. Par exemple, vous pouvez lui dire que, dorénavant, il devra payer lui-même s’il veut des friandises. Cela lui apprendra à faire des choix en fonction de son budget. Fiston prévoyait s’offrir un jeu vidéo, mais il a dépensé une partie de son argent pour autre chose et n’en a plus assez pour le payer? « Ne cédez pas à la tentation de lui donner la différence, recommande la professeure. Cela l’aidera à apprendre la valeur de l’argent. »
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