Avant toute chose, il faut reconnaître que chez les grands enfants, la dénonciation peut être d’un grand secours. Elle permet de désamorcer des situations d’intimidation qui durent depuis trop longtemps et sont souvent le point de départ de la rémission. D’ailleurs, on note souvent que les enfants intimidés tardent à dénoncer par peur des représailles alors qu’ils devraient le faire pour se soustraire aux misères que leur font les autres. Mais ce n’est pas d’eux qu’il est question ici.
C’est avec les tout-petits que c’est une autre histoire. Les enfants d’âge préscolaire et scolaire dénoncent vraiment souvent les autres. Ils peuvent dénoncer quand c’est ce qu’on leur demande de faire et qu’on les encourage à se défendre en prévenant les éducatrices et les professeurs. Ils peuvent aussi dénoncer quand ils savent qu’un adulte en particulier prendra toujours leur défense et les aidera à obtenir ce qu’ils veulent. Parfois, ils dénoncent même faussement pour avoir un prétexte de tester les limites. Ils veulent ainsi vérifier s’ils se feront chicaner s’ils font la chose dont ils accusent les autres. Si la dénonciation a son utilité, on ne devrait quand même pas laisser les jeunes enfants faire de la dénonciation un mode de vie. Voici ce qui les pousse à dénoncer à outrance et les meilleurs trucs pour rééquilibrer les choses.
À l’école
Si vous entendez parler de quelque chose de négatif en lien avec l’école ou la garderie, c’est que votre enfant vous raconte ce qui s’est passé, ce qui est une bonne chose en soi. Mais quand ça arrive, vous faites face à un dilemme. D’un côté, vous ne devez pas négliger une situation qui pourrait dégénérer. De l’autre, vous ne voulez pas vous mêler d’un événement que vous ne comprenez pas bien puisque vous n’en avez pas été témoin. Après tout, vous n’avez entendu que le point de vue de votre enfant. « Jonathan me pousse tout le temps quand on joue » peut aussi vouloir dire « parce que je l’ai poussé moi aussi », mais votre enfant ne vous le dira peut-être pas. Dénoncer les autres est nettement plus valorisant que de s’accuser soi-même.
Pour vous assurer de ne pas faire un plat d’une situation sans gravité, commencez par poser des questions aux personnes en autorité que ce soit à la garderie ou à l’école. Vous comprendrez vite si la situation exige une intervention de votre part. Ensuite, si vous pensez que l’histoire se répète et dure depuis plusieurs jours, reparlez-en au professeur ou à l’éducatrice. Les enseignants et les éducateurs sont les mieux placés pour évaluer ce qui se passe réellement et vous pouvez avoir confiance en leur jugement en ce qui concerne les relations entre les enfants.
Si votre enfant répète souvent ce comportement de dénonciation, il faudra l’aider à fonctionner autrement. Plutôt que de l’encourager à se placer en victime chaque fois qu’il arrive quelque chose et de réagir à son rapportage, encouragez-le à raconter de belles choses. Intéressez-vous à tout ce qui lui arrive de positif et demandez-lui de parler de lui au lieu de parler des autres. En plus d’avoir l’impression d’avoir autant votre attention, il verra les choses d’un meilleur angle à l’avenir. Faites-lui comprendre que dénoncer de vraies choses qui doivent être portées à l’attention d’un adulte - l’intimidation et la violence, par exemple - est bien différent de rapporter des attitudes, des bouderies, des petits conflits sans importance… Rappelez-vous comment quand vous étiez plus jeune, personne n’aimait les « stools ».
À la maison
Entre frères et sœurs, c’est plus facile de saisir le comment du pourquoi. On assiste aux scènes, on entend les désaccords et la plupart du temps, on sait ce qui s’est passé. Et quand un dit : c’est lui qui a commencé, vous savez très souvent si c’est le cas. Évidemment, quand les enfants prennent des risques et jouent à des jeux dangereux, vous devez encourager la dénonciation. Mais avec un enfant qui dénonce beaucoup trop souvent son frère, sa sœur ou un petit voisin, c’est l’occasion idéale de remettre les pendules à l’heure.
Pour commencer, évitez de l’encourager quand il dénonce pour faire punir l’autre ou pour obtenir un jouet ou un privilège. Utiliser la dénonciation pour se débarrasser de quelqu’un et obtenir ce qu’on veut est une bien vilaine habitude.
Prenez aussi le temps de les encourager à se parler. Vous pouvez les renvoyer jouer en leur disant ce que vous diriez à l’autre si vous étiez à sa place : « je n’aime pas quand tu joues mon tour à ma place », par exemple, ou « je n’aime pas quand tu gardes tous les crayons pour toi ». La communication entre pairs est plus facile à développer à la maison et si vos enfants apprennent à exprimer leurs inquiétudes et leurs frustrations calmement entre eux, ils deviendront également capables de mieux communiquer à l’extérieur.