Enfant

Je ne comprends pas le langage de mon enfant

Pour toutes sortes de raison, le langage de l’enfant n’est pas toujours facile à comprendre. Nous sommes souvent démunies face à cette situation. Comment agir alors?

Il n’est pas rare dans ma pratique de rencontrer des parents qui me mentionnent ne pas être capables de comprendre leur enfant lorsqu’il s’adresse à eux. Y a-t-il des moyens plus efficaces que d’autres pour que chacun se sente confortable?

Nous l’avons déjà vu, l’enfant est en plein apprentissage, et pas seulement du langage. Il nous arrive toutes à un moment donné ou un autre de faire face à une situation où nous ne comprenons pas ce que l’enfant vient de nous dire. Malaise! Cependant, s’il est normal qu’un petit bris de communication survienne de temps à autre, on devrait s’inquiéter si plus d’une personne doit fréquemment faire répéter l’enfant, et particulièrement si ces personnes côtoient régulièrement votre petit. S’il est dans un Centre de la Petite Enfance ou dans une école prématernelle,  il importe alors de questionner les éducatrices qui pourront porter une écoute plus attentive et apporter une vision neutre de la situation, ou encore, contacter un orthophoniste pour discuter de la situation et voir si une démarche nécessite d’être entreprise.

Face à un étranger

Vous êtes-vous déjà retrouvée dans cette situation où dans un endroit public, un étranger s’adressait à votre enfant et lui posait les traditionnelles questions : « Comment t’appelles-tu mon bel enfant? » ou encore, « Quel âge as-tu? ». Suivant l’âge de notre enfant, l’originalité ou la difficulté de prononciation de son prénom, l’adulte en face peut n'y avoir rien compris et vous regarde d’un air interrogatif. Combien tentant est-ce alors de répondre à la place de chérubin pour le tirer de sa situation inconfortable! Occasionnellement, pressées ou peu intéressées alors, nous le faisons sans conséquence. Mais si l’occasion se présente régulièrement et que l’habitude s’installe, il se peut que l’enfant interprète le tout comme un signe d’incapacité de sa part, qu’il évite à la longue de répondre aux autres, qu’il développe de la gêne et à la limite, devienne très dépendant de l’adulte au point de regarder son parent lorsque quelqu’un s’adresse à lui.

Pourquoi ne pas tenter des stratégies qui feront de l’enfant un gagnant, qui le rendront fier d’être compris, puisque c’est là le but ultime d’un échange entre deux personnes? Voici deux exemples qui le démontrent.

  • Si un adulte demande l’âge de votre enfant, penchez-vous vers votre enfant, prenez sa petite main et dites-lui : « montre-le à la dame avec tes deux doigts.
  • Si un adulte n’a pas compris le prénom de votre enfant, faites une tentative de lui parler à l’oreille, mais assez fort pour que l’adulte entende et dites-lui : « Charles-Alexandre junior », dis-le plus fort à monsieur, il y a beaucoup de bruit ici. Il n’a pas entendu.

Le fait de s’adresser à l’enfant fera assurément le travail de ne pas le faire sentir incompétent et ne brisera pas la confiance qu’il a en son langage.

Et avec vous

Au quotidien, nombreux sont les moments où l’enfant nous parle. Il y a ceux où nous sommes disponibles, à proximité de l’enfant, ceux où nous partageons une activité avec notre enfant : un bricolage, une lecture, une émission de télévision, une sortie. Mais les journées sont occupées et il existe aussi plusieurs moments où les occupations nous empêchent d’avoir toute la disponibilité requise pour comprendre notre petit.

Bien entendu, notre disponibilité influence la manière dont nous comprenons notre enfant, mais certains éléments qui viennent de lui peuvent aussi avoir un impact sur notre compréhension de son message.

Pourquoi on ne comprend pas l’enfant

Dans son développement, l’enfant parle d’abord de ce qui est proche de lui, dans son environnement immédiat et en rapport avec ce qui se passe. Ainsi, dans ses premiers mots, nous entendrons les noms des personnes qui s’en occupent, les objets qui le concernent « lait », « doudou », des mots qui nous poussent à agir « encore » ou qui témoignent d’une action qui vient de se produire « parti » ou « tombé ». En général, ces petits mots sont compris de l’entourage immédiat. Au fur et à mesure du développement, son intelligence se développe et sa curiosité fera en sorte qu’il sache que les choses existent, même quand il ne les voit pas. Il commencera alors à parler de ce qui n’est pas là « où choupi? » « Mamie pas maison à elle? ». Et puis, il commence à raconter ce qui s’est passé quand vous n’étiez pas là, à parler des amis de la garderie avec des prénoms que vous ne connaissez pas ou ne comprenez pas… et le vocabulaire est plus compliqué, les phrases plus longues et les sons ne sont pas tous acquis. Ouf! Parfois donc, on en arrive à une période où on ne comprend pas un mot, et l’enfant se met en colère ou à pleurer!

Aide-mémoire pour le parent qui n’a pas compris

Voici donc quelques pistes de solutions pour tenter de clarifier ce qui n’a pas été clair. Nous vous proposons d’essayer les quelques trucs qui suivent :

  • Afin de mettre le doute sur vous, plutôt que de faire sentir votre enfant coupable de ne pas bien parler, faites le répéter, mais dites-lui que vos oreilles n’ont pas bien compris. Vous pouvez prétexter que vous étiez occupés ou qu’il y avait du bruit.
  • Au moment où il répète, essayez de bien le regarder afin de voir s’il vous donne des indices qui se trouvent dans la pièce ou encore, si vous pouvez lire quelque chose dans son expression faciale ou corporelle.
  • S’il s’agit d’un jeune enfant, vérifiez s’il peut vous montrer ce dont il parle dans la pièce ou dans la maison.
  • S’il s’agit d’un enfant plus vieux, demandez-lui s’il peut le dire autrement, avec d’autres mots.
  • Puisque vous aurez compris quelque son d’un mot ou quelques mots dans la phrase, répétez-les en faisant une hypothèse sur ce que vous pensez qu’il vous dit. Par exemple, l’enfant dit :
  • Veux a so?
  • Hum? So, c’est quoi, de la soupe?

Et si jamais ça ne fonctionne pas, il sera toujours temps de vous excuser pour cette situation et faire une tentative de changer le sujet. Évidemment, nous en revenons toujours au fait qu’une fois n’est pas coutume, et en gardant en tête que si la situation se présente trop fréquemment, cela peut être un indice d’un problème de langage chez votre enfant. N’hésitez pas alors à consulter un orthophoniste.

Guide du langage de l'enfant de 0 à 6 ans, 2e éd.

Sylvie Desmarais

Éditions Quebecor

2013

ISBN : 9782764015353

29,95 $

Sylvie Desmarais
Orthophoniste

Orthophoniste depuis trente ans et mère de deux grands garçons, Sylvie Desmarais a toujours eu à cœur de transmettre d’une manière accessible ses connaissances sur le langage et la communication. Elle a enseigné à l’Université de Montréal, a donné de nombreuses conférences destinées aux parents de jeunes enfants, et a consacré une grande partie de sa carrière à la formation de médecins et d’intervenants en petite enfance. Elle a toujours cru en l’importance du dépistage précoce des troubles du langage, c’est pourquoi elle a participé à un grand nombre d’activités visant à faire connaître le développement et la stimulation du langage. Elle a toujours eu à cœur de transmettre aux parents le plaisir de suivre l’évolution de leur enfant et de communiquer avec lui, et de les renseigner sur les moyens les plus efficaces de l’aider à développer son langage. C’est pour toutes ces raisons qu’elle a écrit le « Guide du langage de 0 à 6 ans » publié en 2010 aux Éditions Quebecor. Elle pratique toujours à son bureau privé où elle reçoit une clientèle d’âge préscolaire et scolaire qui se présente pour des difficultés de langage parlé, ou qui rencontre des difficultés en lien avec le langage écrit. 2144, montée Monette Laval, QC, H7M 4T6 514-924-6471 sdesmarais1@videotron.ca


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