Les menstruations n’ont rien d’agréable, mais le désagrément est bien petit à côté de la peine qu’elles provoquent en revenant mois après mois lorsqu’on tente d’être enceinte.
Cette peine se transforme rapidement en impatience, parfois même après seulement cinq ou six mois d’attente. Il faut bien le reconnaître : chez la femme qui souhaite avoir un bébé, la notion du temps est un peu déformée : les mois s’étirent et semblent se multiplier à l’infini.
Voici d’ailleurs à cet effet un cri du cœur lancé par l’une des membres du forum de Mamanpourlavie.com :
« Comment fait-on pour arrêter d'y penser? Ça fait six mois que nous essayons et j'avoue commencer à m'inquiéter! Bien sûr, je suis très consciente que mon petit six mois n'est rien à côté de celles qui attendent depuis plusieurs mois, voire des années... Je le veux tellement ce bébé-là... J'avais arrêté de faire ma courbe de température depuis quatre mois et ce mois-ci j'ai décidé de la refaire pour voir un peu mon cycle. Ma courbe est incompréhensible, en plus d'être quasiment inquiétante, car je ne crois pas ovuler! Bref, je veux bien arrêter d'y penser, laisser les choses aller, mais j'en suis incapable! »
L’impatience est toutefois souvent justifiée : l’attente peut être longue, très longue. Au point où l’on peut ressentir le besoin de partager ses espoirs et moments de désespoir avec des femmes qui vivent ces mêmes passages; aucune autre n’est mieux placée pour les comprendre et c’est d’ailleurs ce qu’ont fait des membres du forum de Mamanpourlavie.com en créant, le Club des essayeuses remplies d’espoir.
On peut y voir la date depuis laquelle elles et leur conjoint tentent de concevoir. Certains de ces couples s’y reprennent depuis deux ans… Et pourtant, ce délai n’est pas très inhabituel, comme en témoignent les statistiques suivantes :
Les délais pour concevoir un enfant
- À 25 ans, un couple a en moyenne 25 % de chances d'obtenir une grossesse à chaque cycle, avec un délai moyen de conception de 3 à 6 mois.
- Un couple réussit à concevoir un bébé en moyenne au bout de 6 à 12 mois.
- Le pourcentage des femmes ayant conçu un enfant après un an de rapports réguliers sans contraception est de 84 %.
- Après 2 ans, il est de 92 %.
- Près de 80 % des couples conçoivent naturellement un enfant au bout de 2 ans.
- 60 % des couples qui éprouvent des difficultés conçoivent un enfant au bout de 1 an.
Quand l’impatience régit votre vie…
Votre relation de couple
La volonté de concevoir est si forte qu’elle devient parfois obsessive. Pour certaines, elle finit même par rejaillir sur la relation avec le conjoint qui devient alors pour ainsi dire un géniteur. L’amant et l’ami que l’on voyait en lui deviennent presque secondaires et dès que « le moment propice » arrive, on lui impose pratiquement de tout arrêter pour sauter dans le lit…
Votre attitude face à vous-même
Un sentiment de culpabilité peut finir par vous ronger lorsque vous ne réussissez pas à être enceinte. Vous pouvez entre autres vous sentir coupable de priver votre conjoint de son rêve d’être papa.
Cette situation génère des tensions dans plusieurs couples et il faut un amour et une communication solides pour résister à cette situation stressante.
Votre relation avec les autres
Impossible pour un couple « en essais » pour la conception d’un enfant d’échapper aux commentaires du genre : « Tu y penses trop! », « Tu as encore tout le temps, rien ne presse! », « Qu’est-ce que tu attends, le temps passe pour toi! », ou « Ça va arriver quand ce sera le bon moment! »; ce sont là des remarques qui peuvent être démoralisantes… alors que les personnes qui les ont prononcées avaient plutôt l’intention d’encourager! Isabelle Dagenais, conférencière sur le mieux-être des mamans et collaboratrice de Mamanpourlavie.com, explique que ce genre de phrases est souvent une manière de traduire leur propre impuissance face à votre situation.
Il est d’autant plus souffrant de voir le bonheur des autres quand ils ont réussi là où on a échoué jusqu’à maintenant! Voici quelques commentaires à ce sujet, tirés du forum de discussion de Mamanpourlavie :
« Je t’avouerai que parfois, j’évite les rencontres où il y a plein de jeunes mamans qui jasent de leurs enfants, des joies ou déplaisirs de la grossesse, car d’une part je me sens exclue et d’autre part cela me ramène au fait que peut-être je n’en aurai jamais. »
« J'ai vraiment de la difficulté avec mes amies enceintes. En fait, j'ai été la première sur trois de mes amies à essayer de faire un bébé et les trois ont eu le temps de tomber enceintes (dans le temps de le dire en plus!) et d'accoucher! C'était très dur pour le moral de les voir toutes les semaines avec leur bonheur et leur bedaine qui grossissait pratiquement à vue d'œil! J'ai eu plus de difficulté avec l’une d’entre elles... d'ailleurs, ça a créé un froid; elle ne comprenait pas que je réagisse mal à l'annonce de sa grossesse. En fait, je ne me reconnaissais pas moi-même! »
Ce doit être à cause de…
Quand un aspect de notre vie ne tourne pas rond, on en cherche les causes, question de trouver les solutions appropriées. Quand le problème est l’incapacité d’enfanter, on bombarde notre médecin et nos proches de questions : suis-je infertile? devrais-je prendre un traitement hormonal? suis-je trop vieille? suis-je trop stressée?… Et bien d’autres.
Décrochez un peu…
Même s’il s’agit là d’une réaction naturelle et tout à fait légitime, se détacher un peu de l’objet de nos tourments serait peut-être plus fructueux que de se torturer avec toutes ces interrogations.
C’est ce que l’on appelle le lâcher-prise. Il ne s’agit pas d’arrêter d’y penser. « Le lâcher-prise, c’est la capacité à accepter réellement ce que l’on vit. Faire la paix avec le ressentiment et le sentiment d’injustice. (…) Pour y parvenir, on doit se permettre d’exprimer ce que l’on ressent. », explique notre collaboratrice Isabelle Dagenais.
Vous avez sans doute entendu, dans votre entourage, des récits de ces grossesses-surprises après une longue attente pénible. Comme ce couple qui, résigné à l’impossibilité de concevoir un bébé, avait entamé un processus d’adoption. Au moment où ils recevaient le dossier de l’enfant qu’ils allaient adopter, la nouvelle maman a appris qu’elle était enceinte!
Voici le témoignage d’une de nos membres qui a aussi décidé de lâcher prise, tiré de notre forum :
« Nous ça faisait presque deux ans qu'on était en essai. Après trois mois de sérophène (un médicament prescrit dans le traitement de la stérilité), je dis à mon chum que je suis tannée des effets secondaires, que mon moral n'y est plus et que je suis tannée que notre vie tourne autour des essais. Je lui dis que c'est le dernier mois d'hormones et que je veux prendre un an de pause pour penser à autre chose. On décide de partir en voyage durant nos vacances. On n’y a pas pensé pendant deux semaines. Et bien on a eu une grosse surprise ! On a enfin eu notre bébé tant espéré! Je crois au lâcher-prise… »
… et mettez toutes les chances de votre côté
Entre le désir obsessif de procréer et le détachement complet, il y a la raison. Les couples qui tentent de concevoir doivent d’abord créer les conditions gagnantes pour enfanter. Voici les conseils des spécialistes :
- Demandez à votre médecin de vous expliquer à quoi vous attendre lorsque vous cesserez la contraception; le temps d’attente peut varier selon le moyen contraceptif utilisé.
- Identifiez votre période de fertilité.
- Faites l’amour tous les deux jours – et pas tous les jours! – peut accroître les chances de concevoir.
- On recommande aux hommes de porter des pantalons amples et des caleçons qui ne sont pas trop serrés pendant au moins deux mois avant d’essayer de concevoir. Ils devraient également éviter les bains très chauds.
- Évitez, ou du moins réduisez considérablement, la consommation d’alcool et de tabac.
- Tâchez de réduire le niveau de stress.
- Optez pour une alimentation saine.
- La position coïtale qui serait la plus favorable à la conception serait celle du missionnaire.
Évidemment, ces conseils FAVORISENT la fertilité, mais ils ne sont pas un gage de grossesse assurée. Néanmoins, en vous les appropriant tous, ils peuvent calmer un peu votre impatience et nourrir vos espoirs…