Lorsqu’un couple vit des difficultés pour concevoir un enfant, il se tourne généralement vers une clinique de fertilité afin de réaliser leur désir d’enfant. Les traitements de procréation médicalement assistée (comme la fécondation in vitro) sont des prouesses techniques et médicales qui redonnent l’espoir à de nombreux couples et permettent chaque année au Québec à des milliers hommes et de femmes de réaliser leur projet parental.
Toutefois, ces traitements sont souvent générateurs d’anxiété pour les couples qui attendent la venue d’un enfant. En plus d’être contraignant en raison des nombreux rendez-vous médicaux et de demander une grande disponibilité de la part des femmes et des hommes, ils mettent à mal leur corps et engendrent un important sentiment de perte de contrôle.
Attentes et inquiétudes
Les hommes peuvent ressentir de la colère, des sentiments de déception ou encore de honte ainsi que de l’incompréhension et un sentiment d’échec personnel tel que l’illustrent les propos de Jean, âgé de 34 ans, en couple depuis 4 ans, suivi en clinique de fertilité en raison d’une infertilité masculine* : « Apprendre que t’es infertile, c’est un choc, c’est comme une claque en plein visage. Ma virilité en a pris un coup! ».
C’est donc pour les couples, un véritable parcours du combattant qui commence, nourri d’espoir et d’attentes mais aussi d’inquiétudes et de déceptions. La frustration envahit souvent les couples. L’incertitude des résultats et les échecs sont déstabilisants et renvoient à la vie sans enfant. Tout comme pour les femmes, les hommes sont affectés par les traitements et les échecs qui peuvent s’accompagner de sentiments dépressifs comme le souligne Jean dans son témoignage : « J’ai envie d’y croire, mais quand le résultat est négatif, c’est la déception. Au début je pensais que ça ne m’atteignait pas, je suis plutôt optimiste mais j’ai très mal vécu la troisième fécondation in vitro... J’avais envie de rien faire. J’étais déprimé ».
Trouver sa place
Les hommes peuvent éprouver des difficultés à trouver leur place dans les parcours de procréations médicalement assistées. Puisque les femmes sont davantage impliquées physiquement dans les traitements, les hommes peuvent avoir l’impression d’être mis de côté, se sentir inutiles et ressentir un sentiment d’impuissance, ne sachant pas quoi faire pour être plus activement impliqués dans le processus. « Dans ce type de procédure médicale, les femmes sont soumis à des traitements lourds et compliqués. La femme est au centre du traitement, ce qui m’a fait vivre un sentiment d’inutilité. Même quand j’accompagne ma conjointe, je ne me sens pas toujours à ma place », raconte Jean lorsqu’on le questionne sur la façon dont il vit les traitements de fertilité.
Les hommes peuvent aussi se sentir coupables de ne pas pouvoir permettre à leur conjointe de tomber enceinte, de la voir prendre des hormones et de subir tous les effets secondaires. Plusieurs regrettent de ne pas être davantage impliqués dans le processus médical.
En comparaison à la lourdeur des traitements que subissent les femmes, les hommes n’ont généralement qu’une seule étape physique à subir qui est celle de produire un éjaculat de sperme; beaucoup d’hommes redoutent cette étape. Ils peuvent ressentir de la gêne ou un inconfort dans cette situation comme l’explique Jean : « Produire un échantillon de sperme à la clinique le matin avant d’aller travailler, c’est ordinaire! ». Plus rarement, des hommes parlent aussi d’un sentiment de peur et de honte lorsqu’ils doivent subir une chirurgie visant à prélever directement les spermatozoïdes de leurs testicules.
Pistes de solutions
Si vous éprouvez des difficultés à trouver votre place et si vous vous sentez mis de côté ou encore impuissant face aux traitements de fertilité, voici quelques façons qui pourraient vous aider à mieux vivre les traitements de fertilité et à reprendre un sentiment de contrôle.
- Lorsque cela est possible pour vous, vous pourriez accompagner votre conjointe aux rendez-vous et examens médicaux ou encore lui faire les injections d’hormones.
- En prêtant à votre conjointe une oreille attentive (sans nécessairement donner des conseils) et en l’encourageant, vous vous rendez disponibles et prenez ainsi une place importante dans le processus, mais il est important ne de pas vous oublier et de prendre soin de vous tout au long du processus.
- Mettre des mots sur ce que vous vivez et privilégier les activités qui vous font du bien et vous redonne un sentiment de contrôle sont des façons de mieux vivre ce processus. Chacun trouve sa place et s’adapte à cette épreuve à sa manière et selon son histoire.
- Consulter un psychologue ou participer à un groupe de soutien pour les personnes qui vivent des difficultés à concevoir un enfant peut aussi être une option pour vous aider à retrouver un équilibre personnel tout au long du parcours de procréation assistée.
* Pour des raisons de confidentialité, le prénom a été changé. Ce témoignage a été recueilli dans le cadre d’un projet de recherche sur le vécu des traitements de fertilité.
Par Marie-Alexia Allard, Ph.D, psychologue clinicienne, consultante à la clinique Fertilys