Messieurs qui désirez clore l'expansion de la famille, soyez prévenus que la vasectomie n'est pas toujours une solution infaillible. La technique avec laquelle le coup de bistouri est donné peut vous réserver des surprises! Avant que le médecin ne vous dirige vers la table d'opération, assurez-vous qu'il procédera par « cautérisation thermique avec interposition de fascia ». Ainsi, vous pourrez... dormir l'esprit tranquille. Par la technique classique, qui consiste à pratiquer deux ligatures sur le canal déférent et à procéder à une excision d'un court segment d'un à deux centimètres entre les deux, survient chez certains des hommes une « recanalisation spontanée » de ce petit conduit qui achemine le sperme jusqu'à la base de la prostate, où il s'unit au col des vésicules séminales pour former le canal éjaculateur. Des microtubes se forment au cours des semaines qui suivent l'intervention. La proportion de recanalisation atteint 13 % des hommes sur lesquels cette technique est pratiquée. Ce chiffre surprenant provient d'une étude que le Dr Michel Labrecque, professeur au département de médecine familiale de l'Université Laval, a réalisée en collaboration avec quatre collègues américains à partir des spermogrammes (examens du sperme évaluant notamment le nombre de spermatozoïdes) d'environ 1200 hommes de huit pays, effectués toutes les deux semaines au cours des 30 semaines après leur vasectomie.
23Dans un article qu'ils signaient récemment dans la revue BMC Urology, les chercheurs ont comparé les taux de succès obtenus avec des techniques différentes de vasectomie, dont la méthode de simple ligature avec excision d'un petit segment, encore aujourd'hui la méthode la plus couramment employée à travers le monde, particulièrement en Asie et dans la plupart des pays en développement, où elle est la norme. Dans la deuxième méthode étudiée, le chirurgien interpose entre les deux extrémités du canal déférent qu'il a coupé un bout de la gaine (appelée fascia) qui enveloppe le canal déférent. Malgré cette barrière de tissu, une certaine recanalisation s'effectue chez 6 % des hommes qui ont subi ce genre d'intervention.
Seule la cautérisation thermique combinée à l'interposition de fascia (cette membrane qui entoure le canal déférent) qu'on agrafe aux deux extrémités semble parfaitement étanche à long terme au passage des spermatozoïdes puisqu'elle ne permet aucune recanalisation, même transitoire. Elle assure donc une stérilisation parfaite si l'intervention est effectuée correctement. « Les rares échecs s'expliquent par le fait qu'il s'agit d'une opération délicate qui n'est pas facile », précise Michel Labrecque. « La cautérisation crée un bouchon solide de fibrose à l'intérieur du canal. Et en empêchant les deux bouts de se rebrancher, l'interposition du fascia constitue une bonne barrière qui freine la recanalisation », souligne le médecin pour expliquer l'efficacité de cette dernière méthode.
Selon des statistiques sur la fréquence d'utilisation des différentes techniques aux États-Unis, le seul endroit en Amérique où on dispose de ce genre de données, il est apparu que la combinaison des techniques de cautérisation et d'interposition du fascia, l'intervention la plus sûre, n'était employée que dans 33,6 % des vasectomies. Selon le Dr Labrecque, la situation est sensiblement la même au Québec.
Ce médecin qui pratique près de 1000 vasectomies par année s'inquiète du fait qu'au Québec, à peine 60 % des patients reviennent trois mois après l'intervention pour passer un spermogramme qui confirmera ou non qu'ils sont désormais complètement stériles. « Ceux qui présentent une recanalisation et qui ne viennent pas faire le test l'apprendront par un test de grossesse! », lance-t-il avant d'affirmer que la vasectomie demeure néanmoins une méthode de contraception très efficace... lorsqu'une méthode d'occlusion appropriée est utilisée.
Le Dr Labrecque prodigue un petit conseil à tous ceux qui s'apprêtent à consulter un médecin pour subir une vasectomie : informez-vous de la méthode que le chirurgien prévoit utiliser avant de vous soumettre à son bistouri!
Source : Le Devoir, 26 janvier 2007