La machine du culte de la minceur est lancée. Nous subissons les regards des autres sur notre corps et restons critiques face à nos formes. Cette chasse à la graisse est-elle vraiment légitime? La graisse n’est-elle pas importante pour notre santé?
Le rôle de la masse graisseuse
La graisse sert de soutien aux organes profonds, de protection contre le froid et de réserve énergétique en cas d’alimentation insuffisante, mais pas seulement cela. La masse graisseuse influence la fertilité de la femme. Les tissus graisseux convertissent les hormones androgènes présentes dans le sang en œstrogènes, ces hormones sexuelles femelles impliquées dans le contrôle du cycle menstruel. Un tiers du total des œstrogènes produits durant la vie fertile de la femme provient des tissus graisseux.
Une masse graisseuse insuffisante
Les femmes qui ont moins de masse graisseuse fabriquent des œstrogènes moins puissants qui ont moins de capacités pour contrôler le cycle. De plus, elles ont plus de globulines dans le sang qui capturent les œstrogènes. Elles ont donc moins d’œstrogènes libres capables de jouer leur rôle.
Chez les femmes très maigres, l’hypothalamus ne stimule pas les hormones FSH et LH, les hormones qui contrôlent le cycle de l’ovaire. Ceci explique que les femmes anorexiques aient souvent une absence de menstruations.
Une masse graisseuse trop abondante
Par contre, les femmes en surpoids ont un taux d’œstrogène très élevé qui interfère avec le fonctionnement du corps jaune (follicule éclaté qui reste dans l’ovaire après expulsion de l’ovule) et diminue le taux de progestérone. Un excès d’œstrogène peut aussi interférer avec le fonctionnement de la thyroïde en bloquant les récepteurs des cellules qui répondent à l’hormone thyroïdienne. La diminution des fonctions thyroïdiennes encourage le stockage de masse graisseuse qui augmente le niveau d’œstrogène encore plus.
Connaître son poids santé
Le premier réflexe est de calculer son indice de masse corporelle (IMC). Or celui-ci ne prend pas en considération l’âge, l’ossature, ni la source du poids (muscles ou graisse).
Selon une étude de Harvard réalisée par Rose E. Frisch, la masse graisseuse doit correspondre à 22 % du poids total pour avoir un cycle menstruel régulier. Le bon fonctionnement de notre corps n’est-il pas le meilleur indicateur de notre santé?
La connaissance du cycle peut confirmer un poids santé qui peut être différent du poids idéalisé dans votre tête. La méthode sympto-thermique est une méthode naturelle qui permet aux femmes d’apprivoiser leur cycle. Elle permet de détecter la période fertile et la période infertile du cycle par la prise de température quotidienne et le relevé des caractéristiques de la glaire cervicale et du col de l’utérus. Grâce à cette méthode, les femmes peuvent découvrir les irrégularités du cycle. Les femmes en sous poids et en surpoids ont souvent des cycles longs, une glaire cervicale pauvre, une insuffisance en progestérone et des cycles irréguliers.
Il faut préciser que les problèmes d’infertilité sont davantage dus au manque de masse graisseuse qu’au surpoids. Alors, Mesdames, ne nous laissons plus influencer par ce tapage médiatique autour de la minceur, mais restons à l’écoute de notre corps et de notre fertilité.
Référence
MARILYN M. SHANNON. Fertility, Cycles & Nutrition. États-Unis : The Couple to Couple League International, Inc., 4e édition, 2009, 322p.
Par Emmanuelle Maurin