Dans le monde, 62 % des femmes mariées, ou vivant en union libre et en âge de procréer utilisent des contraceptifs, soit 650 millions de femmes. Dans les régions les plus développées, 70 % des femmes mariées ou en union libre utilisent un moyen de contraception, contre 60 % des femmes dans les régions les moins développées qui y ont recours. 1
Si les moyens contraceptifs modernes sont connus dans tout le globe, ils ont évolué différemment d’un pays à un autre. Chaque pays a une histoire et une approche différente de la contraception.
Afrique subsaharienne (sud du Sahara)
Le taux d’utilisation le plus bas est en Afrique. Seulement 25 % des femmes mariées utilisent un contraceptif et en Afrique subsaharienne, le chiffre passe en dessous des 15 %. Toutefois, le recours aux moyens de contraception par les femmes célibataires, sexuellement actives et en âge de procréer est au moins deux fois plus élevé en moyenne que pour les femmes mariées. Plus de la moitié de cette différence provient d’un usage plus important des préservatifs par les femmes célibataires2. Au nord de l’Afrique, les femmes mariées utilisent plus les dispositifs intra-utérins (DIU) alors qu’au sud, elles préfèrent les contraceptifs injectables.
Les Africaines rencontrent des difficultés pour se fournir en contraception. Des services de planification familiale se sont créés, mais les besoins restent encore largement insatisfaits. En Afrique subsaharienne, 24 % des femmes mariées en moyenne nécessitent les services de planification familiale contre 18 % en Afrique du Nord, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbe. En plus du manque d’accès aux méthodes contraceptives, la peur des effets secondaires fait hésiter les femmes à utiliser un moyen de contraception.1
Amérique Latine
En 2001, 66 % des femmes en âge de procréer utilisaient un moyen contraceptif, en Amérique latine. La stérilisation suivie des contraceptifs oraux (CO) sont les méthodes les plus employées par les femmes mariées. Presque une femme mariée sur sept emploie la pilule en Amérique latine. Au Brésil, 6 millions de femmes se servent de la pilule, mettant ce pays au quatrième rang mondial après la Chine, l’Allemagne et l’Indonésie. Cependant, les CO ont perdu du terrain au fur et à mesure qu’augmentait le recours à la stérilisation féminine et au DIU.2
Au Pérou, beaucoup de femmes se fient encore aux méthodes naturelles. Une enquête datant de 2002 a révélé que le président de la République de 1996 à 2000, Alberto Fujimori, força les plus pauvres à la stérilisation (215 227 ligatures des trompes et 16 547 vasectomies) dans le but de réduire le nombre de naissances par femme et donc de réduire la pauvreté. Cette politique de stérilisation laisse présumer des tendances eugénistes contre les Amérindiens et contre la pauvreté du programme lancé par Fujimori.3
Inde
En Inde, en 2000, 48 % des femmes mariées ont recours à la contraception selon l’International Institute for Population Sciences. La plupart utilisent le stérilet ou la stérilisation. Les méthodes traditionnelles sont aussi très présentes. La politique démographique est axée sur la responsabilité individuelle contrairement à la Chine qui impose la politique sévère de l’enfant unique. Le préservatif est mal accepté, car il est associé à la politique de régulation des naissances. La solution vient peut-être d’être trouvée puisque les hommes pourront bientôt choisir leur propre contraceptif. Le chercheur indien S.K Guha a mis au point un nouveau moyen de contraception basé sur l’inhibition réversible du sperme sous surveillance, ou plus communément appelé RISUG. Cette injection contraceptive, encore à l’étude, inhibe les capacités fonctionnelles du sperme, entraînant ainsi la stérilité de l’homme pendant quinze ans. Une injection de bicarbonate de soude dilué dans l’eau ou un massage avec des vibrations et un faible courant électrique permet à l’homme de retrouver sa fécondité après plusieurs mois.4
Japon
Soumis à une politique de régulation des naissances stricte, les taux de natalité du Japon ces dernières années sont parmi les plus bas. Dans les années cinquante, les avortements sont pratiqués en masse. Pour les Japonais, l’avortement est une « tristesse nécessaire ». Il est considéré comme le vœu exprimé par des parents de rendre l’enfant aux Dieux jusqu’à ce que soit venu le temps opportun d’amener cet enfant au monde et est accompagné du Mizuko Jizo, une cérémonie honorifique. Le nombre d’avortements a tendance à diminuer de nos jours au profil de la contraception. En 2000, 90 % des couples utilisant un moyen contraceptif préfèrent le préservatif, 4 % la stérilisation. La pilule est quasiment inexistante et autorisée depuis seulement 1999. Ainsi, beaucoup de couples ont combiné le préservatif à la méthode Ogino, très rependue grâce aux magazines féminins.
Chine
Avec ses 1,36 milliard d’habitants en 2010 et malgré une politique de régulation des naissances stricte, la Chine détient tous les records. Les Chinoises sont les plus nombreuses à avoir recours aux DUI avec 49 % en 2009, mais aussi à la stérilisation avec 46 % et même à la pilule avec seulement 3 % d’utilisatrices ce qui représente 7,6 millions de femmes.5 Malgré un haut niveau de pratique contraceptive, on estime à 20 millions le nombre de femmes en âge de procréer qui n’ont recours à aucune contraception. C’est à cette tâche que doivent faire face les responsables de la planification familiale pour réduire le taux de natalité ainsi que le nombre d’avortements. En effet, en cas de grossesse non désirée, le recours à l’avortement qui est gratuit en Chine est fréquent avec une moyenne de 280 avortements pour 1000 naissances. Pékin a atteint un triste record de 940 avortements pour 1000 naissances en 1978.6
Europe
L’Europe affiche un taux de fécondité très bas, 1,40 en 2009 contre 2,12 aux États-Unis, selon l’INED7. Dans les pays européens, plus de quatre femmes sur cinq (80 %) en âge de procréer, mariées ou dans une relation concubine, utilisaient une méthode contraceptive en 2001 alors qu’aux États-Unis, on en dénombrait 75 %.
Malgré ces chiffres, la Grande-Bretagne se retrouve confrontée ces dernières années à une forte hausse du nombre de grossesses chez les adolescentes. Selon le Guardian, sur 100 naissances en 2006, quatre étaient réalisées par des adolescentes de 12 à 18 ans en Angleterre, contre deux en Irlande et une et demie en France.8
En Grande-Bretagne toujours, 650 femmes se sont retrouvées enceintes alors qu’elles utilisaient un nouvel implant appelé Implanon. Le problème serait attribué à la pose de l’implant plutôt que de l’implant lui-même.
Canada
Les méthodes contraceptives les plus utilisées par les femmes en âge de féconder en 2006, sont le condom (54,3 %), les contraceptifs oraux (43,7 %) et la stérilisation (13,4 %). Les jeunes femmes de 15 à 19 ans privilégient le condom et les contraceptifs oraux pour des raisons pratiques et d’accessibilité, alors que les femmes mariées de 35 à 44 ans préfèrent se tourner vers la stérilisation (hommes et femmes confondus).9
La part des femmes utilisant les méthodes naturelles dans les pays industrialisés est de 12 %. Au Canada, Seréna, un organisme communautaire à but non lucratif, fait la promotion et l’enseignement de la méthode sympto-thermique, la méthode naturelle la plus fiable. Basée sur l’observation quotidienne des signes de fertilité féminins (la température matinale, les caractéristiques de la glaire cervicale et celles du col de l’utérus), elle permet d’identifier les phases de fertilité et d’infertilité et peut être utilisée tout au long de la vie reproductive de la femme, incluant l’allaitement et la préménopause.
Petit bilan
Au final, les méthodes réversibles et d’action brève sont plus populaires dans les pays développés tandis que les méthodes cliniques d’action plus longue et très efficace sont davantage utilisées dans les pays en développement. Quant aux méthodes naturelles, en 2001, une femme en âge de procréer sur dix environ a recours, dans le monde, aux moyens traditionnels : retrait et abstinence périodique. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, un pourcentage nettement plus élevé de femmes vivant dans les pays industrialisés (12 %) a recours à de tels moyens que celles des pays en développement (5 %) 2. Ce phénomène peut s’expliquer par le besoin de retourner au naturel, de respecter et connaître son corps et le goût pour la simplicité.
Références
1 Nations Unies, Édition chroniques en ligne, « L’utilisation de contraceptifs dans le monde en 2001 ». En ligne. Consulté en janvier 2011.
2 Population Information Program, Center for Communication Programs, The John Hopkins Bloomberg School of Public Health, INFO Project. En ligne. Consulté en janvier 2011.
3 Brian Menelet, Janvier 2010, Multopol, Réseau d’analyse et d’information sur l’actualité mondiale, « ANALYSE : Les stérilisations forcées au Pérou sous la présidence d’Alberto Fujimori : un crime contre l'humanité ignoré » En ligne. Consulté en janvier 2011.
4 Male Contraception Information Project, 2010, « Frontiers in nonhormonal male contraception : the next step ». En ligne. Consulté en janvier 2011.
5 Institut national d’études démographiques, « La contraception dans le monde ». En ligne. Consulté en janvier 2011.
6 Jean-Paul Sardon, 1985, Planification familiale et pratiques contraceptives en Chine, Volume 40, numéro 4-5, p. 774-779. En ligne. Consulté en janvier 2011.
7 Institut national d’études démographiques, 2010 « Indicateurs de fécondité dans 27 pays ». En ligne. Consulté en janvier 2011.
8 Avortementivg.com, 27 février 2009, « Le nombre de grossesses d’adolescentes explose en Angleterre ». En ligne. Consulté en janvier 2011.
9 AFP, 6 janvier 2011, « Des Centaines de Britanniques enceintes malgré le port d’un implant contraceptif », Le Monde. En ligne. Consulté en janvier 2011.
10 Black, A. Yang, Q., Wen, S.W. et coll. (2009). « Contraceptive use among Canadian women of reproductive age: Results of a national survey », Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada, juillet 2009, p. 627-640.
Par Emmanuelle Maurin
Agente de communication
Seréna Québec
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