C’est ainsi qu’un souper de semaine s’est transformé en cours magistral sur les fêtes de Pâques: les enfants attentifs, mon amoureux soufflé par mon savoir (merci à mes parents) et moi, en train de chercher les bons mots. Et là, le carême est arrivé sur le tapis, ainsi que l’étonnante proposition de mon aîné.
« Maman, serais-tu game de faire le carême avec moi, jusqu’au dimanche de Pâques? », qu’il me dit, les yeux pleins d’espoirs que je dise oui.
« Euh... » que je me dis.
Et là, je calcule rapidement et je constate qu’il ne reste que 7 dodos avant le jours « P ». Pas de quoi fouetter un chat. Mais avant de lui donner ma réponse, qui s’apprêtait à être « non », je suis curieuse : « pourquoi veux-tu faire le carême? » que je lui ai demandé.
Du haut de ses 10 ans, il me répond : « parce que je veux savoir ce que ça goûte le chocolat et la viande ». Je suis étonnée. Le voilà qui m’explique qu’à force de manger ces aliments sur une base quotidienne, il les avale sans même les savourer. C’est devenu banal pour lui. Au passage, il me rappelle que je suis également celle qui lui reproche sans cesse de ne pas connaître les joies que procure l’attente. Il marque un point.
Donc, vu sous cet angle et parce que j’aime bien l’encourager dans ses expériences (pas toutes, quand même) et la quête de son identité, je lui ai dit « je suis game!, J’embarque avec toi, mais on va se mettre des règles ». C’est ce qu’on a fait. On a déterminé ce que l’on pouvait manger ou non et ce que l’on gardait dans notre alimentation parce qu’on se souvient que c’est une expérience, pas une punition. Aussi, il a parié que je serais incapable de tenir le coup! N’importe quoi!
Pourtant, il avait raison. Le jeudi soir, soit 4 jours après le début de notre expérience-carême, j’ai mangé un biscuit au chocolat. Pas parce que je ne tolérais pas l’abstinence, pas parce que je suis une terrible gourmande, juste parce que je suis TDA et que j’ai plongé la main dans le sac, par réflexe.
Il n’en fallu pas plus pour que fiston saute sur l’occasion et annonce en grande pompe, (avant de croquer, lui aussi, dans un biscuit), qu’à cause de moi, le carême était terminé.
Et là, vous vous demandez : « pourquoi elle nous raconte tout ça? ».
Parce ce que je suis déçue de moi. Pas d’avoir machinalement croqué un biscuit, mais de ne pas avoir insistée pour que l’on poursuive l’expérience. Je trouve que tout ça envoie en bien drôle de message. C’est comme si j’avais dit : « tu vois fiston, dans la vie, on peut avoir des objectifs et si on déroge en chemin, c’est correct d’abandonner sur un prétexte. ». Alors que non! Ce que je veux qu’il sache, c’est qu’on peut tous avoir des moments de faiblesses, faire des erreurs, tomber et se (re) focusser sur le but à atteindre.
Faque c’est ça. Le carême-expérience s’est terminé plus vite que prévu et on ne sait toujours pas « vraiment » ce que ça goûte le chocolat. Au final, c’est moi qui a reçu une belle leçon : il est plus difficile de transformer les paroles en actes que les actes en paroles.
Sur ce, je vais voler un peu de chocolat aux enfants.
