Cette phrase taquine que mon grand-père lançait lors des moments de tristesse de mon frère, n’était pas méchante. Elle représentait seulement sa génération et même la génération qui l’a suivie... et peut-être même encore, la génération d’aujourd’hui.
Un garçon, ça ne pleure pas. Un garçon, ça se fâche, ça frappe, ça crie et s’il y a des larmes qui coule, ce sont des larmes de rage. Un garçon ne pleure pas. Pleurer c’est pour les filles. Les filles, ça ne se fâche pas, ça frappe pas et ça ne crie pas. Un tel comportement n’est pas respectable pour une fille.
Vivre ses émotions
J’élève un fils. Un garçon qui aime jouer au parc, mais n’aime pas se salir, un garçon curieux mais impatient, un garçon qui apprend la différence entre une tape et une caresse et surtout, un garçon qui apprend à s’exprimer. S’exprimer, c’est identifier une émotion. Pour l’identifier, il faut la vivre.
J’élève donc un fils qui fera face à plusieurs émotions, tout comme une fille, il traversera des moments de bonheur, d’excitation, de colère et de tristesse. Pour la vivre, cette émotion, il faut l’exprimer. Il faut sauter de joie, rire, crier et pleurer.
Que j’élève un garçon ou une fille, un enfant vit ses émotions tout simplement et purement. Il les vit et les exprime comme il peut. Bien que nous pouvons leur donner des mots et des outils pour mieux identifier leurs émotions, ils doivent les vivre et nous devons les laisser les vivre.
Freiner un enfant de pleurer, de crier ou de rire, est le freiner de ses émotions. Le freiner de ressentir, d’être en contact avec lui-même et de développer son empathie.
Si mon fils se fait dire que pleurer, c’est pour les filles, ou pour les faibles, que pensera-t-il des amis qu’il verra pleurer dans la cour d’école? Que deviendra-t-il comme influence et leader dans sa vie? Que transmettra-t-il à ses enfants à son tour? Mais surtout, si il ne peut pas laisser couler ses larmes, comment exprimera-t-il sa tristesse?
Une émotion, peu importe laquelle, doit être vécue. Laissons nos enfants leur innocence, laissons-les s’exprimer. Et laissons les garçons pleurer.
Publication initiale mai 2017