Elle détient depuis 2008 le titre de « Worst mom of the world » (la pire mère du monde). Elle raconte que la plupart de ses amies l’ont menacée de la dénoncer au service de protection de l’enfance. Je ne suis pas certaine qu’elle aurait connu un sort différent si elle avait vécu au Québec. Mais une chose est certaine, cette idée de risque zéro comme ligne de prévention des accidents est extraordinairement anxiogène pour les parents. Elle pose un standard tout simplement impossible à atteindre.
Prévenir… à l’extrême
Partant d’une bonne intention, cette idée du risque zéro qui consiste à croire que la prévention permet d’éviter (tous) les accidents est en fait erronée, bien sûr. Sans compter le prix que coûte cette pensée illusoire à nos enfants : en échange de l’apaisement de notre inquiétude, nous les privons de l’exploration nécessaire au développement. Nous les privons des précieux apprentissages qui viennent avec le fait de prendre des risques : observer, réfléchir, évaluer, soupeser, envisager les conséquences et les différentes options, ramasser son courage, cultiver son audace, expérimenter, évaluer les résultats de l’expérimentation, envisager d’autres options, tirer des conclusions.
C’est vrai pour le feu, et ça l’est aussi pour grimper dans un arbre, casser des œufs, faire du vélo tout seul, jouer au roi de la montagne sur une butte de neige, démonter un vieux grille-pain, dévaler la pente à toute vitesse, s’élancer sur une rampe avec notre vélo et j’en passe.
Il ne s’agit pas de les abandonner tout seul sans les encadrer ou les préparer. Il s’agit d’arrêter de croire qu’il n’arrivera jamais rien à nos enfants si nous suivons la ligne de prévention du risque zéro. Il s’agit de les laisser prendre des risques pour leur permettre de cultiver leur courage, leur audace et leur imagination. Trois qualités qui font les leaders, les inventeurs, les innovateurs. Trois qualités qui font de la vie une aventure où l’on ne cesse d’apprendre. Quand on en est privé, on devient des peureux qui défendent le statu quo par principe, sortent difficilement de leur zone de confort et de ce fait apprennent peu ou pas.
Peut-être est-il temps d’apprendre aux enfants à jouer avec le feu?
Publication Initiale le 2 mai 2017
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