Nous savons d’ores et déjà que les bébés ne naissent pas avec un chromosome de bonnes habitudes de sommeil, celles-ci doivent être enseignées. Or, c'est dès la naissance que se construit le rapport au sommeil. Selon les habitudes adoptées, on devient un bon ou un mauvais dormeur. Les parents ont une responsabilité éducative majeure à jouer dans ce domaine. Il leur appartient de se renseigner sur les mécanismes du sommeil, de comprendre les enjeux et d'adopter les bonnes attitudes.
Les parents sont toujours surpris de constater avec quelle facilité un nourrisson peut apprendre à faire ses nuits… si on lui en donne l’occasion. Le secret est bien entendu des parents prêts et un bébé en santé. En fait, vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez sur le sommeil de vos enfants.
Les conditions gagnantes
Une des particularités présentes chez le nourrisson est l'association que l’enfant acquiert par rapport au sommeil. Elles conditionnent la manière dont le bébé gère ses réveils périodiques et son endormissement.
Elles sont dites adaptées si elles favorisent l’autonomie, c'est-à-dire la capacité à s’endormir seul et inadaptées si l’enfant est dépendant d’un objet ou d’une personne pour trouver le sommeil. Ces associations sont développées par tous les enfants et souvent même avec la participation des parents. Par exemple, un bébé habitué à s’endormir en étant bercé ou flatté par son parent ne parviendra pas à se rendormir dans sa couchette, sans le mouvement de bercement ou la chaleur d’une main dans son dos. Il pleure alors jusqu’à ce que quelqu’un vienne recréer les conditions qu’il associe au sommeil, dans ce cas-ci, le bercer ou le flatter. Il a donc développé, avec le concours de ses parents, une association inadaptée au sommeil.
Comment on fait?
Pour qu’un bébé soit capable de trouver son sommeil au cours de la nuit ou des siestes, il faut qu’il sache comment trouver son sommeil tout seul. S’il s’endort chaque soir et à chaque sieste dans les bras de papa ou de maman, il aura besoin de papa ou de maman lorsqu’il se réveillera pour se rendormir et prolonger son cycle de sommeil.
Pour que votre bébé n’ait pas de difficultés pendant ses éveils nocturnes et durant les siestes, il doit être couché encore éveillé et vous devez le laisser trouver son sommeil tout seul. Bien des parents sont tentés d’endormir leur bébé dans leurs bras et ensuite de le déposer dans son lit. Mais comme bébé a des micro-réveils régulièrement durant son sommeil, s’il ne retrouve pas les conditions dans lesquelles il s’est endormi, en l’occurrence les bras de papa ou de maman, il lui est alors impossible de se rendormir. Non seulement, il s’éveille en pleurant fort, mais en plus, il se met à fragiliser son sommeil pour s’assurer fréquemment qu’il est toujours au même endroit.
C’est très insécurisant pour bébé et il devient en même temps très fragile aux bruits de la maisonnée (téléphone, radio, télévision, conversation, etc.), en se réveillant au moindre bruit afin de s’assurer que ses conditions d’endormissements n’ont pas changé.
Dans son lit
Le lieu pour dormir est dans son berceau ou son lit, que bébé soit couché dans la chambre parentale ou dans une chambre à part. Le lit ne doit pas être trop grand, le bébé aime se sentir à l’étroit quand il dort durant les premières semaines. Toutefois, à partir de 3 ou 4 mois, l’enfant devenant plus conscient de son environnement, il est préférable qu’il puisse dormir dans une chambre à part. Si cela n’est pas possible, un environnement doit lui être dédié, un coin à lui séparé par un rideau ou un meuble, afin qu’il ait l’impression d’être seul. S’il sent la présence de ses parents à ses côtés, bébé les réclame beaucoup plus facilement. En se réveillant, il ne comprend pas pourquoi ses parents ne réagissent pas comme d’habitude. C’est d’autant plus vrai lorsque le bébé est allaité. Avec son odorat très fin, il sait tout de suite que maman est près de lui et que le lait est disponible.
De la constance
Une autre bonne pratique consiste à laisser bébé dormir que dans son lit, dans une pièce obscure la nuit et à la pénombre le jour. Si bébé dort de temps à autre dans le porte-bébé, en poussette, en auto, dans vos bras tandis que vous sautillez, dans une balançoire, etc., ne soyez pas surprise de constater qu’il se met à pleurer dès que vous le déposez dans son lit pour le coucher. Devant ce comportement, certains parents en viennent à croire que bébé a peur de son lit, que le matelas est douloureux, que la couleur de la pièce est agressante, que la couchette n’est pas bien orientée dans la pièce, que bébé n’aime pas sa chambre, qu’il s’agit d’un petit dormeur, etc. Il ne s’agit de rien de tout cela. En fait, ce qui se produit, c’est que bébé a dormi pendant 9 mois dans des conditions particulières, soit à l’étroit et dans le mouvement avec du bruit (le cœur de maman, la digestion, etc.). En le laissant dormir ailleurs que dans son lit, à votre insu, vous reproduisez les conditions d’endormissement qui prévalaient dans le ventre de maman. Lorsque finalement, vous le déposez dans son lit, il est alors convaincu qu’il ne peut pas dormir et pleure.
En règle générale, un bébé en santé âgé de huit semaines et de poids convenable (cinq kilos, douze livres) a suffisamment de réserves pour dormir six heures d'affilée durant la nuit, sans être nourri.
Quelques conseils pratiques
Si vous vous sentez prête, voici des petits trucs à mettre en place dès l’âge de huit semaines et qui aideront votre bébé à faire ses nuits :
- Couchez votre bébé dans son lit dès l’apparition des signes de fatigue. Voici les signes majeurs indiquant que votre bébé est prêt à dormir : il commence à faire des mouvements saccadés et incohérents et serre les poings. Il fait des grimaces, fronce les sourcils et il pleurniche. En couchant le bébé au bon moment durant les premières semaines, on évite la plupart des problèmes d’endormissement.
- Laissez-le seul dans une chambre obscure et silencieuse et dites-lui clairement : « bonne nuit mon trésor, à demain ». On oublie trop souvent de parler à bébé, de l’informer de ce que nous attendons de lui, sous-estimant son niveau de compréhension. Commencez très jeune à lui exprimer vos attentes.
- S’il se réveille la nuit, attendez un peu avant de vous précipiter pour le faire manger; donnez-lui la possibilité de se rendormir seul. Les parents à l’oreille sensible qui réagissent au moindre bruit émanant de la chambre de leur petit perturbent, à leur insu, un processus naturel, celui de laisser à l’enfant l’opportunité d’apprendre à gérer les réveils nocturnes. Il serait donc approprié que les parents accordent un délai de quelques minutes au bébé avant d’intervenir afin de lui permettre de se rendormir de lui-même.
- S’il pleure la nuit, mais sans grande conviction, n’arrivez pas dans sa chambre avec un biberon préparé par sécurité. Il sait reconnaître l’odeur du lait près de lui et ne comprendrait pas pourquoi ses parents hésitent ou tardent à le lui donner.
- De même, un enfant allaité par sa mère saisira mieux ce que ses parents attendent de lui si, pendant quelques nuits, c’est son père qui le console et lui prodigue des paroles douces pour l’inciter à se rendormir.
- Évidemment, l’un ou l’autre des parents devra éviter de rester à côté de lui dans la chambre ou de lui donner la main. Il lui faut absolument apprendre à dormir sans la présence de maman ou de papa à ses côtés.
- S’il réussit à dormir une nuit entière, dites-lui « bravo », félicitez-le, il a besoin d’entendre le contentement et la tendresse de ses parents. Même s’il ne comprend pas le sens des mots, il sait d’emblée reconnaître les paroles d’amour.
Pour qu’un bébé fasse ses nuits, il faut d’abord qu’il soit capable de s’endormir seul. Si un bébé en santé, de bon poids (cinq kilos – douze livres) et de 4 mois et plus ne fait pas encore ses nuits (dormir au moins six heures d’affilée), c’est peut-être parce que l’enfant s’endort dans des conditions de dépendance à l’adulte (bercé, flatté, caressé, nourri, etc.). Le bébé a alors besoin d’un coup de pouce pour y arriver.
La stratégie des 15 secondes (décrite en détail dans le livre Le sommeil du nourrisson) est un bon moyen d’y parvenir. Cette stratégie a pour but d’aider bébé à se calmer afin qu’il puisse y arriver lui-même et ainsi découvrir qu’il peut s’endormir seul. L’approche consiste à intervenir auprès du bébé en ajoutant 15 secondes de plus que lors de la dernière intervention en le reprenant pour l’aider à se calmer. Ce programme s’applique au bébé de 8 semaines et plus jusqu’à l’âge de 8-9 mois.