Bébé

La musicothérapie pour le bébé prématuré

Le nouveau-né qui arrive un peu avant son temps n’est pas tout à fait prêt encore à affronter le monde, mais il y est déjà. Son univers sensoriel, sonore, tactile, visuel est grandement sollicité. Comment la musique peut-elle l’aider à ne pas se sentir envahi et à développer un espace de sécurité?

Le nouveau-né qui arrive un peu avant son temps n’est pas tout à fait prêt encore à affronter le monde, mais il y est déjà. Son univers sensoriel, sonore, tactile, visuel est grandement sollicité. Comment la musique peut-elle l’aider à ne pas se sentir envahi et à développer un espace de sécurité?

Le corps sonore

L’audition est un sens qui s’active déjà à la phase fœtale. Le bébé, semble-t-il, pourrait percevoir dans son milieu aquatique les sons et les vibrations non seulement à travers l’ouïe, mais aussi à travers la peau et les os. Si nous considérons que nous sommes un corps vibrant, que nous résonnons aux sons qui nous entourent, il est intéressant d'envisager l’utilisation de la musique comme moyen de rejoindre le fœtus, le bébé ou le jeune enfant ainsi que les parents.

Commençons par la période prénatale. L’enfant à naître peut déjà percevoir et engraver dans sa mémoire corporelle, c’est-à-dire sensorielle, la voix de sa mère. Il est au cœur même de sa mère qui est elle-même un corps sonore. On dit souvent en musicothérapie que le corps humain est un instrument de musique, il est comme une caisse de résonance avec son ossature, sa musculature, sa peau, ses cordes vocales, son souffle, qui vibre au diapason de tout ce qui l’entoure. Nous sommes l’instrument à vent, mélodique. Nous sommes les percussions, rythmiques. Et la musique est cet alliage de mélodie, de rythme, de sonorité instrumentale… à laquelle nous vibrons et nous réagissons.

Les approches en musicothérapie

À partir de cette résonance, nous révélons notre propre identité sonore qui nous caractérise et c’est à partir de cet aspect unique que les musicothérapeutes travaillent. Ils guident l’enfant ou l’adulte sur le chemin de la croissance en l’aidant à puiser dans ses propres ressources.

Fondamentalement, la musique est expression et communication. D’ailleurs, le son fut l’un des tous premiers éléments essentiels à la survie chez les peuples anciens, un moyen d’expression et de communication. Ils communiquaient entre eux et à de très grandes distances par le son. Car l’oreille est notre système de vigilance et d’alarme. Nous développons dès la naissance, sinon dans le milieu utérin, un répertoire de reconnaissance de sons qui vont de l’agréable jusqu’à nous indiquer un danger. C’est ainsi que l’oreille nous conditionne à toutes sortes d’émotions, de plaisir, de peur, de surprises…

C’est pourquoi il est très intéressant de travailler en musicothérapie dès la grossesse. Il apparaît que la musique que la mère écoute pourrait aussi être entendue à partir de 4-5 mois de gestation par le fœtus. De même, nous savons que la musique peut procurer un sentiment de bien-être chez un individu, dans ce cas-ci la mère, donc il est possible que le bébé à naître en bénéficie aussi par extension.

En musicothérapie, nous utilisons principalement l’improvisation instrumentale et vocale, la composition et l’utilisation de chansons, l’audition de musique sélectionnée selon les besoins particuliers. Il est à noter qu’aucune connaissance musicale n’est nécessaire pour bénéficier d’une musicothérapie.

Le musicothérapeute a une formation universitaire en musique en plus d’avoir étudié les approches thérapeutiques, il est donc à même de potentialiser tous les éléments musicaux : rythme, mélodie, instrumentarium, styles divers… Il connaît un très large répertoire de musique, en passant par tous les styles, de l’époque grégorienne, baroque, romantique… jusqu’à nos jours avec la musique contemporaine et populaire… tout ça dans le but de répondre aux besoins individuels et de proposer des musiques auxquelles la personne peut s’identifier. Car on ne peut pas généraliser sur les effets de la musique, les goûts et les affinités sont très personnels. Il faut donc se méfier des « cassettes toutes faites » qui prétendent à des effets très spécifiques. Une musique de Mozart peut très bien rejoindre une personne dans ce qu’elle a besoin, mais cette même musique peut n’avoir aucune résonance pour une autre et c’est très bien ainsi.

Les musicothérapeutes travaillent donc avec les parents qui attendent un bébé en choisissant des musiques ou des chansons significatives. On peut aussi encourager les parents à improviser sur des instruments et avec la voix ou à composer des chansons personnalisées spécialement pour leur enfant.

Durant l’accouchement, il peut être intéressant de travailler avec les parents sur un montage sonore personnalisé pour accompagner les étapes de l’accouchement, par exemple durant les moments de récupération. Ce montage peut se composer de pièces instrumentales ou vocales enregistrées connues ou composées, de chansons significatives ou toutes autres compositions sonores qui rejoignent les parents.

Une fois l’enfant né, c’est une excellente d’idée de jouer les pièces ou les chansons entendues durant la grossesse afin d’établir une sécurité, un environnement sonore connu.

Emmailloter le bébé prématuré de sons sécurisants

Dans le cas d’un enfant prématuré, nous savons que tout milieu hospitalier de soins intensifs ou critiques engendre un stress considérable autant pour l’enfant que pour les parents : le va-et-vient, les alarmes des appareillages.

Le nouveau-né qui arrive un peu avant son temps n’est pas tout à fait prêt encore à affronter le monde, mais il y est déjà. Son univers sensoriel, sonore, tactile, visuel est grandement sollicité. Comment la musique peut-elle l’aider à ne pas se sentir envahi et à développer un espace de sécurité?

La musique a le pouvoir de capter l’attention et par le fait même, d’atténuer les sons environnants. Une des raisons est que la musique touche directement aux systèmes plus « primitifs » du cerveau qui demandent moins d’efforts cognitifs, entre autres le système limbique, siège de l’affect. La musique court-circuite le niveau cognitif ou intellectuel de l’enfant qui n’est pas encore à maturité, c’est le monde du senti qui est son principal lien avec le monde extérieur.

C’est pourquoi le développement de l’oreille de l’enfant et son environnement sonore sont cruciaux. Avant toute intervention, il faut être au fait des déficits auditifs et s’y ajuster. Les éléments de fluctuations, de volume dans la musique, de choix et de qualité sonore des instruments sont quelques-uns des aspects qu’il faut prendre en ligne de compte.

Ce qu’il y a d’exceptionnel avec la musique, c’est qu’elle s’adapte justement à tous les niveaux de fonctionnement. La musique choisie ou improvisée par le musicothérapeute devient comme un miroir sonore de l’enfant qui s’ajuste selon son évolution. Ainsi, l’enfant entend sa propre réciprocité dans le son.

La musique peut aussi servir d’enveloppe sonore, comme pour emmailloter l’enfant de sons sécurisants. Le premier instrument à utiliser est la voix, principalement la voix de la mère. C’est l’instrument le plus puissant et le plus intime à la fois. Quand l’enfant est collé sur sa poitrine, il sent toutes les vibrations que la voix produit, il est déjà familier avec la voix parlée, mais la voix murmurée, chantée, ajoute l’élément berceur de la mélodie, pleine d’une intention affective et aimante. Car l’enfant saisit très bien l’intention dans la voix même s’il ne comprend pas les mots.

On peut aussi lui faire entendre des pièces musicales instrumentales ou vocales choisies pour leur qualité mélodique et rythmique. Ici la simplicité est un élément essentiel. Il faut toujours se rappeler que l’individu qui écoute la musique doit pouvoir la soutenir, donc si l’intensité est trop grande, la musique va plutôt produire l’effet contraire et l’écraser; et si l’intensité est insuffisante, elle ne va pas rejoindre l’individu. La musique est toujours choisie en fonction du niveau physique et psychologique de l’enfant. Les comptines, les chansons folkloriques et traditionnelles sont excellentes à cause de leurs phrasés mélodiques et rythmiques simples faciles à se remémorer. Elles se sont transmises de génération en génération par voie orale.

Comment donc savoir si la musique est appropriée ou adéquate? L’un des meilleurs guides pour en saisir l’impact sur l’enfant est son langage corporel, son état de tension ou de détente, ses signes vitaux (pression artérielle, pulsation, respiration) et la prise de poids chez l’enfant prématuré. Ce qu’il faut se rappeler le plus, c’est qu’il faut protéger l’oreille de l’enfant, en même temps qu’il faut l’exposer à des sons signifiants et qui contribuent positivement à son développement.

De retour à la maison

Une fois de retour à la maison, il est important d’instituer un environnement sonore adéquat. À quoi voulons-nous exposer l’enfant? À une structure sonore sécurisante, stable ou à une pollution sonore et des bruits inutiles et agressants qui sèment la confusion?

La première étape est de faire « l’inventaire » des sons qui nous entourent, d’abord à la maison, car ce sera le premier nid de l’enfant à l’extérieur du ventre de la mère. Il y a évidemment des sons que nous subissons, mais dans la mesure du possible, il faut tenter d’éliminer les sons inutiles, comme la télévision ou la radio si personne ne l’écoute.

Par la suite, il peut être intéressant d’avoir un espace un peu « sacré » qui installe une atmosphère, un lieu pour écouter une musique choisie, agréable tant pour les parents que pour l’enfant. Ce temps peut se partager durant l’allaitement ou tout simplement à un moment de la journée que l’on veut presque un rituel souple, afin de développer l’anticipation, le plaisir et la détente.

Il est aussi très important pour le développement affectif de l’enfant de lui chanter des chansons personnalisées, improvisées sur le moment. On le sait, dès l’Antiquité, Platon lui-même avait observé le comportement de l’enfant qui s’apaise à l’écoute d’une berceuse.

Le développement de l'enfant

Quand l’enfant grandit, la musique contribue de façon exceptionnelle à son développement global, quels que soient l’âge ou les difficultés physiques, cognitives ou affectives. En voici quelques exemples. Les chansons personnalisées l’aident à développer son identité personnelle et sa créativité. Les activités de rythmique contribuent à son développement moteur. L’improvisation instrumentale développe ou peut aider à corriger la latéralisation quand l’enfant joue d’un instrument. Elle contribue aussi à la socialisation quand les enfants partagent et jouent en petit groupe sur des instruments adaptés à leurs capacités.

En musicothérapie, il faut garder en tête que le but n’est pas éducatif même si les activités et les résultats peuvent sembler les mêmes. L’objectif principal est que l’enfant développe son potentiel maximum à l’aide de la musique. La musique qui est source de créativité où l’enfant s’exprime à sa façon, à son rythme, selon ce qu’il est. En musicothérapie, aucune forme d’expression n’est imposée. Le but n’est pas l’apprentissage en tant que tel d’un instrument. Par contre, l’impact de la thérapie et de la musique pourra peut-être favoriser des apprentissages généraux. Car la musique comporte une structure qui encadre, qui fait appel aux deux hémisphères cérébraux, donc autant du côté analytique qu’intuitif.

Il existe parfois des malentendus quant à la définition de la musicothérapie. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que la musique peut être thérapeutique pour plusieurs qui en font ou en écoutent et c’est excellent! Mais quand nous parlons de recevoir des services de musicothérapie, c’est qu’ils sont dispensés par une personne qualifiée, professionnelle qui s’est spécialisée dans le domaine de la santé, de l’éducation ou des services sociaux, qui a reçu une formation universitaire en musique et en thérapie. Parce que oui, nous le répétons souvent, tout un chacun peut provoquer des effets physiologiques et affectifs avec la musique. Mais qu’arrive-t-il au moment de récupérer ces mêmes effets si nous ne sommes pas thérapeutes? De plus, dans le cas de la prématurité, la connaissance de l’oreille et des déficits associés est cruciale.

Le musicothérapeute, de plus, maîtrise les éléments musicaux et sait comment les utiliser de façon optimale. Il conduit une évaluation initiale qui sert à dresser un portrait musical, expressif, communicatif de l’enfant. Ce ne sont pas du tout les compétences musicales qui sont évaluées, mais plutôt la façon d’utiliser la musique pour s’exprimer. Par la suite, ce sont les ressources de l’enfant ou des parents qui sont utilisées pour développer l’expression et la communication ou tout autre objectif poursuivi.

Pour votre usage personnel, afin de vous bâtir une discographie intéressante pour la famille, nous vous recommandons d’emprunter des disques dans les bibliothèques ou d’assister à des concerts de toutes sortes, afin que vous puissiez trouver la musique qui vous convient le mieux à vous et à l’enfant. C’est un peu comme en cuisine, il y a d’infinies possibilités! Il faut explorer, être curieux, offrir à tous nos sens l’expérience de la découverte. Car la musique est aussi couleur, goût, senti...

Par contre, si vous désirez des services de musicothérapie, il est important de vérifier la formation et l’appartenance à une association professionnelle, car le musicothérapeute est aussi soumis à un code de déontologie dans sa pratique.

Guylaine Vaillancourt
M.A. MTA, présidente de l’AQM

Pour en savoir davantage, vous pouvez contacter :

  • l’auteure ou l’Association québécoise de musicothérapie (AQM) : Guylaine Vaillancourt, M.A. MTA, présidente de l’AQM, guylainev@distributel.net
  • www.prematurite.com
  • Lecture suggérée, par la même auteure : Musique, musicothérapie et développement de l'enfant, aux Éditions de l'Hôpital Sainte-Justine.

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