Bébé

Parler bébé: un atout ou un désavantage?

Dès l’arrivée de bébé parmi nous, un phénomène étrange survient : notre façon de parler change quand on s’adresse à lui. Est-ce aidant ou non?

Tout le monde le fait!

Une chose est certaine : personne n’y échappe. Pas même ceux qui se croient hors d’atteinte et qui disent ne pas parler en bébé. Si tout le monde se laisse influencer par ce petit être qui vient à peine de mettre le pied parmi nous, c’est qu’un phénomène étrange nous porte à le faire. Pour partir du bon pied dans vos échanges avec votre enfant, je vous propose quelques pistes pour permettre d’observer de quoi est composé le « parler bébé ». Vous pouvez tenter de vous observer ou d’écouter les membres de votre entourage. Par la suite, je tenterai de faire ressortir les aspects qui sont bons pour bébé et ceux qui risquent de nuire au développement de son langage et sa communication.

Parler : c’est quoi?

Parler, c’est dire des mots que nous plaçons généralement ensemble pour faire des phrases. Ces mots, nous les transmettons par notre parole. Notre parole est constituée de notre voix, d’une certaine tonalité (il y a des voix graves et des voix aigües), d’une certaine force (comme le volume de nos appareils), et de nos intonations. Nous parlons dans le but de communiquer avec les autres. Nous désirons partager nos idées, nous faire comprendre et susciter des réactions chez notre interlocuteur. Le plaisir de communiquer consiste à avoir un échange profitable pour chacun des participants dans la conversation.

Parler bébé : une définition

Parler bébé ou parler en bébé ne signifie pas nécessairement la même chose. Il importe de faire une distinction, car le résultat final sur le développement du langage et de la communication n’est pas le même. Dans le premier cas, parler bébé est une traduction intégrale de l’expression anglophone « baby talk » qui se définit par une manière de s’adresser à un bébé. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur ce phénomène et sont parvenus à mettre en évidence ce qui distinguait le langage qu’on adresse au bébé, de celui qu’on utilise entre adultes. Nous les verrons ultérieurement. Par contre, parler en bébé est une tout autre chose et, sans que nous ayons de définition précise à cet égard, nous pourrions dire qu’il concerne davantage le vocabulaire et qu’il pourrait devenir une imitation des mots du bébé.

Parler bébé : ce qui aide au développement

Chaque jour, des chercheurs étudient le développement du langage et de la communication et certaines équipes tentent de préciser le rôle que l’adulte y joue. On pense que l’on peut parler avec un bébé dès sa naissance et même avant. Il est de plus en plus recommandé de s’adresser au ventre de la maman alors que bébé s’y trouve puisque son audition lui permet d’être sensible aux voix humaines vers le 7e mois de la grossesse. Par la suite, après sa naissance, l’enfant pourra être plus enclin à reconnaître les voix qu’il a déjà entendues et leur donner une attention plus particulière.

En plus de préciser quand il importe de parler au bébé, les chercheurs ont fait ressortir plusieurs caractéristiques qui concernent pourquoi il est bon d’agir de la sorte. Ils ont constaté que nous le faisions pour des raisons intuitives : parler à un bébé et s’adresser à un adulte ne se fait pas de la même manière.

Ainsi, si nous changeons notre manière de parler, nous avons l’impression d’obtenir davantage d’attention de la part de l’enfant, d’être écoutés, d’être à sa hauteur et d’être compris... et le plus beau de cette chose est que ceci est effectivement bénéfique.

Voici donc ce que nous faisons lorsque nous employons le parler bébé. Ainsi, nous :

  • Modifions notre voix pour qu’elle devienne plus aiguë et nous y mettons plus d’intonation : on constate que les intonations ont pour but d’attirer l’attention du bébé.
  • Faisons plus de mimiques et beaucoup plus de sourires.
  • Diminuons la vitesse de notre parole et séparons clairement les mots les uns des autres. Nous avons l’impression que parler vite ne permettrait pas de faire apprendre la prononciation des mots, ni de les comprendre.
  • Utilisons un vocabulaire plus simple et des phrases plus courtes. À quoi servirait-il de faire de longues phrases avec des mots compliqués alors que son attention est de courte durée?

Puisque normalement, la plupart des adultes qui communiquent spontanément avec un bébé le font, il n’est donc pas nécessaire d’apprendre à s’en servir. Nous avons tous un peu de pratique sans le savoir, puisqu’il a été prouvé que le langage que nous employons face à ce petit être ressemble en beaucoup de points à celui dont nous nous servons dans certaines circonstances avec notre conjoint et, nous allons en étonner plusieurs, avec nos animaux de compagnie!

Parler en bébé : ce qui nuit au développement

Les caractéristiques mentionnées pour le parler bébé et qui sont naturellement utilisées permettent de s’adapter au bébé lorsqu’il est petit. Au fur et à mesure qu’il vieillit, il a besoin de modèles de langage plus évolués afin qu’il puisse maintenant développer ses sons, son vocabulaire et ses phrases. Pour supporter le développement du vocabulaire, il faut parler le plus normalement possible à l’enfant, et ce, dès sa naissance si on veut en prendre une habitude. Il est mieux de dire : « On s’en va en auto » que « On s’en va en to-to ». Tous les mots coupés, ou l’emploi de mots fabriqués comme le bruit de l’objet (un tchou-tchou, du lolo, du lai-lait,..) n’ont pas d'utilité pour l’enfant qui apprend. Il est mieux de dire : « ah le beau train! » que « ah le beau tchou-tchou! »

Suivre l’évolution du bébé

Comme nous le mentionnions, dans nos premiers échanges avec bébé, nous ressentons instinctivement le besoin de transformer notre façon de nous adresser à lui, et nous lui rendons alors service. Lorsqu’il commence lui-même à produire des mots, il n’a pas la capacité de prononcer tous les sons, de dire toutes les syllabes des mots. De lui-même, il fait ce que nous considérons peut-être comme des erreurs.

Par exemple, au lieu de dire « girafe », il pourra dire « ya-ya ». En tant qu’adulte, c’est là qu’il peut être tentant de prendre ce même mot et de parler comme l’enfant, en espérant qu’il comprendra mieux. Et c’est bien là qu’il faut être prudent : demandons-nous comment il fera pour connaître le bon mot, l’utiliser, s’en souvenir et l’apprendre? Comment aussi sera-t-il compris par d’autres personnes qui ne savent pas ce qu’est une « ya-ya »?

Notre rôle consiste donc à ne pas le reprendre, mais à lui fournir un modèle approprié. En ce sens, il est beaucoup plus avantageux de lui redire sans attendre qu’il répète. On trouve des phrases qui comportent le mot à plus d’une reprise : « Eh oui, c’est bien une girafe. Ta petite girafe est dans son bac à jouets et voilà, je viens de trouver ta belle girafe ». Le but de ces répétitions est de lui permettre de l’entendre plusieurs fois, et graduellement, selon ses capacités, de pouvoir éventuellement capable de parler avec la même prononciation que vous.

Pour des conseils sur les moyens les plus stimulants de s’adresser aux enfants, pour vous procurer de la documentation ou suivre des formations sur la communication parent-enfant, nous vous proposons le site The Hanen Centre (en anglais).

Sylvie Desmarais
Orthophoniste

Orthophoniste depuis trente ans et mère de deux grands garçons, Sylvie Desmarais a toujours eu à cœur de transmettre d’une manière accessible ses connaissances sur le langage et la communication. Elle a enseigné à l’Université de Montréal, a donné de nombreuses conférences destinées aux parents de jeunes enfants, et a consacré une grande partie de sa carrière à la formation de médecins et d’intervenants en petite enfance. Elle a toujours cru en l’importance du dépistage précoce des troubles du langage, c’est pourquoi elle a participé à un grand nombre d’activités visant à faire connaître le développement et la stimulation du langage. Elle a toujours eu à cœur de transmettre aux parents le plaisir de suivre l’évolution de leur enfant et de communiquer avec lui, et de les renseigner sur les moyens les plus efficaces de l’aider à développer son langage. C’est pour toutes ces raisons qu’elle a écrit le « Guide du langage de 0 à 6 ans » publié en 2010 aux Éditions Quebecor. Elle pratique toujours à son bureau privé où elle reçoit une clientèle d’âge préscolaire et scolaire qui se présente pour des difficultés de langage parlé, ou qui rencontre des difficultés en lien avec le langage écrit. 2144, montée Monette Laval, QC, H7M 4T6 514-924-6471 sdesmarais1@videotron.ca


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