L'équipe de University College London estime dans une étude publiée vendredi dans le British Medical Journal, au vu des études disponibles, que dans les pays développés, les bébés bénéficieraient d'une introduction en complément de nourriture solide à partir de 4 mois. L'OMS — suivie dans ses recommandations par la Grande-Bretagne et 65 % des États membres de l'Union européenne — a tranché en 2001 en faveur de l'allaitement au sein jusqu'à 6 mois, estimant que les bébés nourris exclusivement au sein développaient moins d'infections et avaient moins de problèmes de croissance. Les chercheurs restent favorables à cette recommandation dans les pays en développement, où l'accès à l'eau potable et à une nourriture saine est problématique et où la diversification précoce de la nourriture peut entraîner des diarrhées mortelles.
En revanche, dans les pays développés, l'équipe dirigée par Mary Fewtrell estime que les études disponibles n'apportent pas « de preuve incontestable » qu'il vaut mieux ne pas introduire de nourriture solide entre 4 mois et six mois. Au contraire, certaines études montrent que l'allaitement ne suffit pas pour assurer au bébé tous les nutriments dont il a besoin. Une étude américaine de 2007 montre un risque d'anémie (carence en fer) plus important chez les bébés allaités exclusivement par rapport à ceux recevant à 4 mois une alimentation diversifiée. Les chercheurs font aussi valoir qu'introduire de nouveaux goûts à 4 mois peut préparer le bébé à mieux accepter par la suite des aliments comme les légumes verts, qui jouent un rôle important dans la prévention de l'obésité.
Leurs conclusions sont contestées vendredi par plusieurs institutions médicales. « C'est un pas en arrière et cela sert l'industrie alimentaire », a réagi auprès de la BBC Janet Fyle, de l'organisation professionnelle des sages-femmes. « L'allaitement fournit tous les nutriments dont a besoin de bébé jusqu'à l'âge de 6 mois », rappelle le ministère de la Santé.
