Jennifer Senior, l’auteure de All Joy and No Fun : The Paradox of Modern Parenthood » s’est questionnée sur le congé parental.
L’étude, publiée dans le Journal of Marriage and Family, s’est penchée sur l’influence du temps passé avec le bébé durant les mois suivants sa naissance sur son comportement, ses résultats scolaires et son bien-être émotionnel. On y a distingué le « temps engagé » [engaged time] et le « temps accessible » [accessible time] du parent mis à la disposition de l’enfant.
Les trois sociologues qui ont travaillé sur cette étude en sont venus à la même conclusion : il n’y a aucun lien entre le temps passé à la maison avec le bébé après sa naissance et son bien-être des années suivantes. Par contre, cette étude met l’accent sur l’importance du temps passé avec les enfants durant leur adolescence, une période dite de « turbulence hormonale ». Cela soulève une interrogation : serait-il plus important de prendre le congé parental durant l’adolescence de nos enfants?
La psychologie du développement
Historiquement, ça ne fait qu’une vingtaine d’années que les psychologues considèrent l’adolescence comme une période cruciale du développement de l’enfant. Avant, l’adolescence était sous-estimée et on considérait que les années sacrées étaient entre 0 et 3 ans. Cette hypothèse a dernièrement été réfutée : l’adolescence est la période la plus vulnérable et où l’enfant a le plus besoin de soutien et de surveillance.
Notons que pour les filles, la période où elles ont le plus besoin de support se trouve l’âge de 13-14 ans, alors que chez les garçons, ça se situe vers 16-17 ans.
L’expert en puberté et en adolescence, Laurence Steinberg, compare les adolescents « aux voitures avec de puissants accélérateurs et de faibles freins ». L’adolescence est une période riche en dopamine où de nombreuses connexions synaptiques se créent. « Les adolescents ont tendance à surestimer les avantages qu’ils obtiendront en prenant des risques », écrit Jennifer Senior. D’ailleurs, Steinberg nous apprend que la période de la journée où les adolescents sont plus enclins à prendre des risques ou à faire des mauvais coups est entre 15 et 18 h en semaine, où personne n’est à la maison pour les superviser. Ce qui explique entre autres la pertinence des congés parentaux durant cette période.
Est-ce possible?
Une experte en parentalité, Jo Wiltchire, rapporte qu’un « impressionnant nombre de mères voient le congé de maternité à l’adolescence comme la seule façon de fournir le soutien que les adolescents ont besoin durant cette période ». De son côté, Steinberg se demande à quoi ressemblerait le monde travail-famille si les employeurs permettaient aux parents un certain nombre d’après-midi de congé par année consacrés à leurs enfants plus âgés.
Anna Tyzack a eu la chance d’expérimenter cette nouvelle façon de vivre les congés parentaux. Sa mère est retournée sur le marché du travail alors qu’elle n’avait que 5 semaines et elle a fait la même chose lors de la naissance de son frère Will. Des années plus tard, elle a compensé le temps qu’elle avait perdu avec ses enfants en cessant de travailler pendant huit ans afin de passer le plus de temps possible avec eux.
Mais quand les enfants n’ont plus besoin de ce soutien, il est temps de retourner au travail. Anna précise que le retour au travail a été une épreuve difficile pour sa mère. Il a été dur pour elle de retrouver un emploi dans le même domaine, avec le même salaire et les mêmes avantages sociaux qu’auparavant. « Je pense que ma mère a eu raison de faire ça. Je n’ai plus aucun souvenir de la nounou qui a pris soin de moi durant les premières années de ma vie, mais j’ai beaucoup de souvenirs heureux des vacances scolaires passées avec ma mère », raconte Anna.
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