Famille

10 raisons d'abolir la fessée

De plus en plus de pays encadrent ou prohibent le droit d’infliger des punitions corporelles aux enfants. Voici quelques bonnes raisons d’abolir la fessée.

Un peu d’histoire

Il s’est certes modifié au fil des ans, mais le droit de correction existe depuis l’Antiquité, alors que les lois romaines octroyaient au père de la famille le droit de vie ou de mort sur les autres membres de sa famille. Au début de l’ère chrétienne, on limite ce pouvoir à des corrections modérées qui ne mettent pas en danger la vie ou la santé des enfants. À cette époque, non seulement donne-t-on le droit aux parents d’infliger des corrections physiques aux enfants, on les encourage même à le faire. Le proverbe biblique affirme d’ailleurs : « Qui épargne la baguette hait son fils, qui l’aime prodigue la correction. » On dit à l'époque, mais encore tout récemment le pape François s'est déclaré favorable à la fessée "contrôlée"!

Au Canada

Au Canada, l’article 43 du Code criminel stipule, encore aujourd’hui, que « tout instituteur, père ou mère […] est fondé à employer la force pour corriger un élève ou un enfant, selon le cas, confié à ses soins, pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances ». En 2004, la Canadian foundation for children, youth and the law, qui demandait l’abolition de cet article, a vu sa requête refusée par la Cour suprême du Canada, dans un jugement partagé. Dix ans plus tard, c’est la sénatrice libérale, Mme Céline Hervieux-Payette, qui reprend le flambeau, en clamant que cette disposition du Code criminel est non seulement archaïque, mais incohérente. En accord avec cette affirmation, voici 10 raisons d’abolir la fessée.

1-Les corrections physiques peuvent avoir de graves conséquences sur le développement d’un enfant. Pour bien se développer, l’enfant a besoin de vivre un sentiment de sécurité physique et psychologique. Lorsqu’il est puni physiquement, l’enfant ressent de l’insécurité. La fessée a donc des conséquences négatives sur son développement psychologique et social.

D’ailleurs, Jennifer E. Lansford, membre de l’Institut et de la Faculté des sciences sociales et de la recherche, centre de politique pour l’enfant et la famille, à la Duke University, s’est penchée sur les châtiments physiques et leurs conséquences et en est arrivée à cette conclusion qui pourrait en surprendre plus d’un. « Si vous croyez que vous pouvez secouer vos enfants ou les gifler, puis arrondir les angles petit à petit en les étouffant d’amour, vous vous trompez. Être chaleureux avec un enfant que l’on frappe de cette manière arrange rarement les choses. En fait, cela peut les aggraver et au contraire rendre un enfant plus anxieux. » Cette étude menée sur 1000 enfants de huit pays se conclut sur cet avertissement : « le châtiment corporel, même léger, mène généralement à des taux accrus d’anxiété et d’agression chez les enfants. Cet impact s’aggrave plus le châtiment est sévère. De façon générale, il est rare que l’amour des parents répare entièrement le préjudice, même si le châtiment corporel est relativement léger. »

2-Contrairement à ce que certains croient, la punition corporelle n’est pas la manifestation d’un manque d’amour ou d’attachement. Il s’agit plutôt du résultat d’un sentiment d’impuissance. Non, être parents n’est pas toujours facile et, parfois tendus, certains en viennent à frapper leur enfant dans l’espoir de reprendre le contrôle de la situation. Pourtant, en venir aux coups fait justement état d’une perte de contrôle. Lorsque vous levez la main sur votre enfant, vous avez déjà perdu votre autorité.

3-La fessée n’est pas une forme de discipline efficace. La fessée ne présente aucun intérêt éducatif, car elle ne répond pas à la question que l’enfant peut se poser après sa bêtise : « Pourquoi ce que j’ai fait est interdit? » Il n’en saura pas plus après et sera donc tenté de recommencer. La fessée n’est ni éducative ni pédagogique. Il s’agit d’une réponse générale à un problème précis.

4- Aucune étude n’a encore démontré qu’il existait des effets positifs liés aux punitions corporelles. Au contraire!

5-En fait, plusieurs études ont même démontré que les enfants qui reçoivent des fessées ou des corrections physiques sont plus sournois, agressifs et ont moins d’estime d’eux-mêmes. De plus, ces enfants risquent d’intégrer la violence dans leur mode de fonctionnement : quand quelqu’un d’autre (un camarade, un frère, une sœur…) fera quelque chose qui ne leur conviendra pas, ils seront tentés de répondre par la violence.

Par ailleurs, il a été démontré que la réduction des punitions corporelles par les parents est suivie rapidement d’une diminution de l’agressivité, de l’anxiété et des comportements antisociaux chez leurs enfants.

6-Les enfants qui grandissent dans un univers violent courent plus de risques de devenir des adultes violents, autant avec leurs propres enfants, leur conjoint que les adultes qui les entourent.

7-Quand il n’y a pas de conséquences, la limite du raisonnable, comme stipulé dans l’article 43 du Code criminel, devient totalement subjective. D’ailleurs, on se souvient de ce père qui a téléphoné aux forces de l’ordre, en Floride, pour s’assurer de ne pas transgresser la loi en infligeant une correction trop sévère à sa fille! Il est en effet prouvé que 75 % des maltraitances sont commises dans un contexte de punitions.

8-Il a aussi été prouvé par de nombreuses recherches internationales que les corrections physiques ont des conséquences traumatiques à long terme sur la santé mentale et physique des enfants, dont le cerveau est particulièrement vulnérable à la violence. Elles peuvent entraîner des troubles mentaux post-traumatiques et cognitifs, ainsi que de l’hyperactivité chez l’enfant.

9-42 pays ont déjà interdit explicitement les punitions corporelles en tous lieux, y compris la famille. Ces pratiques portent en effet atteinte aux droits, à la dignité, à l’intégrité physique et psychologique des enfants, à leur santé, leur bien-être, leur développement et leurs apprentissages, des droits pourtant garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant.

10-Des méthodes éducatives, connues sous le nom de « discipline positive », ont fait leurs preuves pour bien éduquer un enfant sans violence.

En résumé…

Bref, lorsqu’il est puni physiquement, l’enfant se juge méchant et sans valeur : il en vient donc à n’avoir qu’une très faible estime de lui-même. En corrigeant physiquement un enfant, on lui apprend que les problèmes peuvent être résolus en usant de la violence physique, ce qui augmente son risque de devenir un adulte violent.

La fessée est une punition qui obéit à court terme. En effet, à long terme, elle engendrera chez lui de la peur, de l’agressivité, un désir de vengeance ou de révolte et une volonté d’occuper à son tour une position de pouvoir. Ainsi, un enfant régulièrement frappé risque davantage d’être violent avec ses camarades de classe. Il pourrait même adopter un comportement défensif et méfiant vis-à-vis des adultes qui l’entourent.

Image de Marie-Eve Bourassa

Autrice, scénariste, rédactrice et chroniqueuse.


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