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Vie scolaire

Garçons et école: la difficile équation

Au Québec, un garçon sur trois quitte l’école secondaire sans obtenir de diplôme, contre une fille sur cinq. Pourquoi les garçons sont-ils plus nombreux à décrocher? Planète F a posé la question à deux experts en éducation.

1. Il y a 65% des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage qui sont des garçons.

« Du point de vue biologique, les garçons sont plus susceptibles de vivre des problèmes graves d’origine neurologique, comme l’autisme. Les taux de prévalence sont nettement plus importants », explique le professeur au département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, Égide Royer.

Chez les garçons, les troubles de comportements dérangeants sont aussi plus fréquents, rappelle le professeur  au département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal, Roch Chouinard. « Ces troubles augmentent les conflits avec l’enseignant et l’inconfort à l’école, ce qui nuit au rendement des jeunes, puis à leur motivation », souligne M. Chouinard. Bref, si les garçons sont plus nombreux à décrocher, c’est en partie parce qu’ils sont plus nombreux à être en difficulté.

2. Les garçons ont une relation plus difficile avec la lecture.

À l’entrée au primaire, les garçons sont moins prêts à apprendre à lire que les filles, indique M. Chouinard. « Les garçons sont plus souvent en contact avec des jeux sensorimoteurs, plus physiques. Ils jouent au cowboy et à l’indien, alors que les filles s’amusent avec des jeux plus près de la lecture et de l’écriture », affirme le spécialiste.

Moins outillés que les filles à l’entrée à l’école, les garçons sont davantage enclins à développer une mauvaise relation à la lecture. Cela affecte leur performance et leur motivation scolaire. « Aux deuxième et troisième cycle du primaire, on voit beaucoup de garçons qui n’aiment pas lire ou qui accumulent des retards avec les lettres », met au jour M. Royer.

Pour le professeur, la société prépare moins bien les garçons à l’école. « Certains d’entre eux fonctionnent même sur le frein, parce qu’être bon à l’école, ce n’est pas à leur yeux être un vrai gars », se désole l’expert.

3. Le marché du travail est plus tentant (et accueillant) pour les garçons.

Au secondaire, les garçons sont davantage attirés par le marché du travail, défend M. Chouinard. « Plus d’emplois intéressants, mieux rémunérés qui ne requièrent pas de qualification sont offerts aux garçons », dit le spécialiste. En région, les offres en foresterie, en agriculture, en construction sont souvent alléchantes et incitent au décrochage.

4. L’école ne serait pas suffisamment un milieu de vie accueillant pour les garçons.

Pour M. Royer, l’école ne tolère pas assez les comportements des garçons, qui sont biologiquement plus prompts à réagir au stress, aux défis ou à la compétition. « Il faut laisser les garçons jouer au roi de la montagne, il faut que dans les cours d’école, on différencie le jeu de gars et la bataille », croit le chercheur. Selon M. Royer, les garçons accumulent souvent des retenues et des disputes en raison de leur tempérament plus bagarreur.

L’école doit de plus, pour le professeur, tenir compte des goûts des garçons. Les bibliothèques pourraient offrir des livres de hockey, de Batman, etc.

Augmenter le taux de diplomation des garçons

Solutions proposées par Égide Royer

  • Établir des programmes de maternelle quatre ans accessibles à tous qui favoriseraient l’amour de la lecture. Ils profiteraient autant aux garçons qu’aux filles.
  • Offrir et garantir des professionnels aux élèves en fonction des taux de prévalence des troubles plutôt qu’en fonction des diagnostics.
  • Présenter des modèles masculins de réussite à l’école qui inciteraient garçons et filles à rester sur les bancs d’école. Inviter, par exemple, des pères à présenter leur métier.
  • Valoriser la carrière d’enseignant auprès des garçons. Amener les garçons à s’intéresser à des emplois moins traditionnels : infirmerie, psychologie.
  • Développer des programmes d’été d’accueil au secondaire pour les élèves qui ont des difficultés qui terminent leur primaire. Offrir des cours de mentorat après le programme d’été.

Solutions proposées par Roch Chouinard

  • Offrir davantage de choix aux élèves. Diversifier l’offre des livres en bibliothèque ou des activités à faire en classe, sans les étiqueter masculins ou féminins.
  • Aider les garçons de milieux défavorisés, qui sont les plus à risque au décrochage.

Écrit par Alexandra Duchaine 

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