Santé

Cauchemars ou terreurs nocturnes?

Terreurs nocturnes

Il arrive parfois que les parents entendent soudainement leur enfant crier pendant la nuit : il est assis dans son lit, les yeux ouverts, il se débat si on lui parle ou le touche… Il ne faut pas s’inquiéter… c’est une terreur nocturne. Et ce n’est surtout pas dangereux. On remarque ces manifestations chez 3 % des enfants, avec une prédominance chez les garçons.

En général, ce phénomène apparaît à partir de l’âge de 18 mois jusqu’à 6 ans et parfois même débute un peu plus jeune (chez le bébé, il est difficile à identifier). Plus tard, on peut voir les épisodes s’estomper ou se transformer en somnambulisme (marcher dans son sommeil) ou encore en somniloquie (parler dans son sommeil). Il n’est pas rare que l’un des parents ou un membre de la famille ait déjà fait ce genre d’épisode. On peut dire que c’est familial, voire héréditaire. Un fait est que lorsque vous voyez ces comportements un peu bizarres, votre enfant dort et ce n’est pas un mauvais rêve. Cela se passe dans les stades 3 et 4 du sommeil profond.

Les manifestations

L’enfant dort, mais il peut crier, parler, hurler. Parfois, il est tout en sueur, son visage peut être très pâle, ses yeux sont fixes et son regard est vide. Ces cris peuvent être terrifiants! Si on essaie de lui parler, son discours n’aura aucun sens et parfois, il pourra se débattre si on essaie de le toucher pour le réconforter. L’épisode peut être bref ou durer 10 à 30 minutes. Parfois, on note de petits épisodes qui se répètent pendant une heure. Il peut aussi arriver que l’enfant se réveille, souvent perdu et inquiet, surtout s’il remarque le regard apeuré de ses parents à côté de lui. Un point très spécifique aux terreurs nocturnes est qu’elles se manifestent toujours peu de temps après s’être couché soit environ 60 à 90 minutes après que l’enfant se soit endormi et souvent vers la même heure si ça arrive plusieurs soirs.

Fréquence

Habituellement, les épisodes sont rares et ne devraient pas se manifester plusieurs nuits d'affilée. Elles apparaissent ou augmentent en fréquence lorsque l’enfant est très fatigué (une journée au grand air) ou s’il vit des changements dans son quotidien qui le rendent inquiet (début de garderie, examen, sport intense…) L’enfant plus fatigué aura plus de sommeil profond (stade 3- 4) dans son premier cycle de sommeil augmentant ainsi la possibilité à la terreur de se manifester. On remarque cela aussi chez les enfants qui commencent à retenir leurs urines la nuit et chez les enfants qui ont récemment cessé la sieste le jour. Il faut par contre que ces enfants soient prédisposés à avoir des terreurs nocturnes.

Ce qu’on doit faire

Rassurez-vous, on peut faire cesser les épisodes ou du moins les diminuer. La première chose à éviter est de réveiller l’enfant quand la terreur se manifeste. Sinon celui-ci sortira du sommeil profond et réparateur dont il a tant besoin et pourrait provoquer plus d’épisodes. Évidemment, le parent le protègera des risques de blessure surtout lorsqu’il se débat. L’enfant qui dort n’a pas conscience de ces événements et n’en aura aucun souvenir le lendemain matin. C’est souvent le parent qui est le plus inquiet. Si les épisodes se prolongent, le parent peut caresser légèrement l’enfant et ainsi aider à faire cesser les manifestations. Il est suggéré d’éviter de lui en parler le lendemain pour qu’il ne soit pas inquiet d’en refaire. Une bonne routine rassurante et relaxante au coucher, et un environnement sécurisant peuvent prévenir les récidives d’épisodes. Il vaut mieux éviter les stimulants comme la télévision et les jeux excitants avant de se coucher pour réduire les risques de récidives. Dans certains cas, il est suggéré de remettre la sieste, qui avait été enlevée, pour résoudre le problème.

Si malgré une bonne routine, les terreurs se répètent plusieurs jours d’affilés, et toujours à la même heure, on peut essayer de réveiller l’enfant de 15-30 minutes avant l’épisode en l’amenant à la toilette ou encore lui offrir une gorgée d’eau. Ce fait lui fera recommencer un nouveau cycle de sommeil et pourrait éliminer les épisodes. S’il n’y a aucune amélioration malgré toutes les précautions, il vaut mieux consulter votre médecin qui sera en mesure d’intervenir pour maitriser la situation.

Cauchemars

Les cauchemars sont une manifestation fréquente chez 20 à 40 % des enfants entre 3 et 6 ans. Lorsqu’ils se manifestent rarement, ce désordre demeure bénin. Ces épisodes se manifestent dans le stade REM du sommeil (situé à la fin d’un cycle souvent après les stades 3 et 4 du sommeil profond). Comparativement aux terreurs nocturnes qui se produisent peu après le coucher, les cauchemars se produisent généralement plus tard dans la nuit, après 2-3h00 du matin.

Les manifestations

L’enfant se réveille apeuré et peut nous raconter son rêve. Il se sent rassuré par la présence de ses parents. Il se souviendra de son rêve plus tard, au lever.

Fréquence

Il est difficile d’éviter de faire des cauchemars puisqu’ils sont souvent reliés à des événements qui peuvent sembler sans grande importance, ayant ponctué la journée de l’enfant.

Ce qu’il faut faire ou ne pas faire

Une bonne routine de soirée et de coucher rassurante, relaxante aidera à diminuer les épisodes. De plus, on peut offrir un objet qui rassurera votre enfant. Prenons par exemple l’oreiller d’un parent qui protège, la jaquette à maman, une formule magique avec une baguette peuvent s’imposer pour éloigner les méchants. Les capteurs de rêve (petit mobile avec des plumes) peuvent jouer aussi un rôle de protection. L’important est de rassurer l’enfant et de lui donner des moyens pour contrôler la situation. Il peut être parfois salutaire d’éviter les livres de méchants loups et aussi les films d’action qui peuvent impressionner certains enfants.

La nuit, lors des réveils, il faut laisser l’enfant exprimer sa peur, le réconforter, lui donner confiance avec les objets rassurants choisis. Il est important de ne pas créer une dépendance du parent, car cela ne pourrait qu’aggraver la situation. Parfois, on peut le faire rire du rêve en changeant la fin, par exemple. Le rire peut dédramatiser la situation. De même dans la journée, si le sujet de peur ressort, on le fait rire de la même façon avec une situation cocasse. On peut utiliser l’imaginaire de l’enfant pour lui donner des moyens de se sentir rassuré.

Exemple clinique

Sophie a trois ans. Depuis quelque temps, elle se réveille en pleurs en appelant ses parents. Sa mère se précipite pour la consoler. Elle ne veut plus que sa mère la quitte, car elle a peur. Sa mère s’étend à côté d’elle jusqu`à ce qu’elle se rendorme. Il arrive même parfois que Sophie ne veuille plus se rendormir et sa mère l’amène dans son lit.

Faits recueillis

On est en octobre, et on parle beaucoup de l’Halloween à la garderie. Tout est décoré. Même le soir au coucher, la mère de Sophie lui raconte des histoires de sorcière qu’elle aime beaucoup. Elle s’endort avec son toutou préféré et récemment, elle demande de laisser la porte ouverte. Dernièrement, elle demande à sa mère de rester à côté d’elle pour s’endormir. Sa mère essaie de la rassurer, mais en ce moment Sophie a peur de tout et de rien. Ces parents ne savent plus comment la rassurer et commencent à manquer de sommeil.

Solutions proposées

Tout d’abord, un épisode de cauchemars peut s’avérer normal, mais lorsque ça se reproduit plusieurs nuits d'affilée, on doit tenter des gestes pour régler la situation.

La routine se doit d’être rassurante. On évite la télévision et les histoires qui font peur même si Sophie les aime. Sa mère a plutôt inventé une histoire très rigolote d’une sorcière maladroite qui est devenue bien sympathique pour Sophie, mais qui décide que la nuit, elle disparaît dans de lointains pays. De plus, la mère de Sophie évitera de s’étendre avec elle et lui proposera son oreiller ou sa jaquette à la place. Aussi, un capteur de rêve a été placé à la tête de son lit (pour attraper le rêve avant d’entrer dans son sommeil) ainsi qu’une veilleuse avec la porte de sa chambre entrouverte.

À l’occasion, lorsqu’elle fait encore des cauchemars, on brasse un peu le capteur pour lui laisser de la place et attraper les autres mauvais rêves. Sa mère ne s’étend plus avec elle la nuit et la rassure en lui faisant serrer très fort l’oreiller de maman qui protège. Si Sophie se recouche bien, sa mère lui promet une pierre précieuse le matin, qu’elle ajoutera à sa collection, récompense bien méritée pour ses efforts. Après quelques nuits, les cauchemars semblent disparaître. A l’occasion, lorsque les épisodes réapparaissent, un petit câlin de maman semble rassurer Sophie de se rendormir jusqu’au lendemain matin.

Enfin je dors... et mes parents aussi
Par Evelyne Martello
Éditions Hôpital Sainte-Justine,
2007
ISBN : 9782896190829
14,95 $

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