Santé

La peur chez l'enfant

Un jour ou l’autre, tout parent accompagne son enfant face à une peur. Les peurs prennent plusieurs formes : petites ou grandes, justifiées ou pas, momentanées, transitionnelles ou de circonstances, toutes les peurs méritent d’être respectées et accompagnées avec bienveillance. 

Une grande courageuse de 16 mois regarde le module avec un air de défi! Au bas de l’échelle, elle agrippe les barreaux avec excitation. Elle sourit de plus en plus au fur et à mesure qu’elle gagne de la hauteur. Ses yeux s’agrandissent, elle détecte une source de danger! Quelques secondes suffisent afin qu’elle puise du courage dans le sourire et les mots encourageants de son père. Et hop! La voici toute fière, en haut du module! Elle applaudit sa victoire!

Qu’est-ce que la peur?

La peur est une des grandes émotions de base aux côtés de la joie, la colère et la tristesse. Ces émotions de base ont comme particularité d’être une réaction automatique de notre cerveau déclenchant des mécanismes physiologiques qui font réagir tout notre corps.

La peur est donc une émotion utile et saine puisqu’elle sert en priorité à nous avertir d’une menace ou d’un danger dans le but de nous protéger. Face à celle-ci, nous avons deux choix: fuir ou surmonter l’émotion et agir. Ainsi, le poupon aura le réflexe de reculer face au vide ou d’un gros bruit… L’enfant qui réussit à vaincre ses peurs, apprend et construit ses capacités à vaincre les épreuves futures.

Respire un bon coup!

« La peur, c’est de l’excitation sans la respiration. » Selon le psychologue Dr. Hendricks Gay, dans son livre The Big Leap, le même mécanisme qui produit la peur, produit l’excitation. Ainsi, en situation de peur, faire prendre de grandes respirations profondes à l’enfant le ramènera déjà dans une zone plus plaisante et plus disponible à construire son courage!

Apprendre à vaincre ses peurs est une étape importante dans le développement de l’enfant. Le rôle des parents est d’apporter une écoute bienveillante ainsi qu’un accompagnement. Les parents joueront un rôle qui permettra aux enfants d’apprivoiser leurs peurs, de les dépasser, de renforcer leur confiance et leur estime de soi.

La peur est NÉCESSAIRE!

Si votre enfant est exposé à une quantité normale de peur, au fur et à mesure de ses expériences, il saura bâtir son coffre à outils de confiance et apprendra à réagir face à ses craintes, ses doutes et inquiétudes. Il reconnaîtra son potentiel courageux!

Peurs développementales : Petit à petit les peurs évoluent

Quoique naturelles, les peurs peuvent être divisées en trois sources: développementales (qui viennent et partent tout au long du développement de l’enfant), acquises (selon le vécu) et empruntées (copiées à l’autre).

Les peurs évoluent avec le développement de l’enfant. Débutant avec la peur de l’étranger à 8 mois, il aura peur des bruits (aspirateur, mélangeur, etc.) vers 1 an. Puis, à 18 mois, viendra la peur du noir pour tranquillement, au fur et à mesure que son monde imaginaire évoluera, faire place, entre 2 et 4 ans, au monde imaginaire (sorcières, monstres, clown, gros animaux, etc).

À partir de 5 ans, les peurs font place à des craintes plus rationnelles (le rejet, le regard des autres, la mort, les accidents, etc).

Les peurs développementales sont saines et transitoires. Elles méritent l’accompagnement de nos enfants dans l’écoute, le respect et aussi le partage de nos propres expériences (par exemple, on peut dire à l'enfant : « Moi aussi à ton âge j’avais peur du noir, c’est normal. La veilleuse me faisait sentir en sécurité. Peut-être que mon truc pourrait t’aider aussi? Tu veux essayer? »)

Peurs acquises : J’ai peur d’avoir peur

« J’ai peur de faire du vélo à deux roues »; « Je ne veux pas faire mon exposé »; « J’ai peur de l’eau ».

Dans son ouvrage Même pas peur, la psychologue Anne Bacus explique que les peurs acquises peuvent être une réelle source de souffrance car elles font habituellement référence à une situation déjà vécue par l’enfant. Qu’elles soient dues à un choc, un traumatisme ou un événement effrayant, notre rôle ici est alors de reconnaître le sentiment, de rassurer l’enfant et de ne pas hésiter à s’adresser à un professionnel lorsqu’on se sent impuissant.

Si une peur persiste et devient inconsolable, alors peut-être sommes-nous face à une phobie. Les phobies dépassent les peurs normales et surmontables; elles empêchent l’enfant de fonctionner au quotidien et procurent une grande souffrance. Si les parents ont un historique de phobie, l’enfant pourrait être susceptible d’en développer. Si ce cas de figure se présentait, il serait judicieux de consulter un médecin ou un psychologue pour l’accompagner.

Peurs empruntées : Tu as peur, donc j’ai peur

Les enfants apprennent par modèle et répètent les attitudes ou pensées véhiculées par les adultes qui les entourent. Les peurs empruntées font références à celles que l’enfant copie et qui sont généralement portées et transmises par les parents eux-mêmes.

Ces peurs sont parfois pertinentes si elle ne sont pas excessives, comme la peur de se faire frapper par une auto ou de tomber du quai d’un métro, mais d’autres sont irrationnelles (peurs des araignées, surperstitions, etc). Face à une situation craintive (exposé oral, araignée, changement), il est primordial que le parent mobilise ses énergies à contrôler ses réactions, et devienne aussi le meilleur modèle possible. 

En vous montrant inquiet à outrance à la vue d’une araignée, d’un chien ou d’une souris, il y a fort à parier que votre enfant s’affole et qu’involontairement, vous lui donniez l’impression qu’il a vraiment raison de s'inquiéter.

La surprotection n’est pas une solution

Il arrive parfois que pour « bien faire » le parent tente de surprotéger son enfant, par exemple, en le soulevant au haut du module sous prétexte qu’il n’est pas encore capable de le faire. En agissant ainsi, le parent accompagne l’enfant dans sa peur et lui envoie le message que le danger est bien réel et qu’il ne peut grimper sans vous.

L’enfant s’en trouve donc moins autonome et moins confiant. En agissant ainsi, il augmente les peurs de son enfant.

Ainsi, lorsque notre fillette de 18 mois grimpe le module, il est préférable, même si on ressent une hésitation, de commencer par respirer un bon coup et transformer la peur en excitation! Une fois plus disponible, on lui fait un grand sourire complice et on l’encourage à effectuer les étapes une à la fois en la rassurant par votre présence.

Peu à peu son sentiment de crainte diminuera pour faire plus de place à son sentiment de sécurité. Aidez votre enfant à transformer les craintes et dépendances en courage et en autonomie!

Publication initiale 18 octobre 2017

Cadleen Désir
Psychopédagogue

Fondatrice et directrice générale de Déclic, Cadleen Désir a orienté sa carrière vers le soutien pédagogique des enfants d’âge préscolaire. Bachelière en psychologie et psychopédagogue, Cadleen a toujours eu à cœur le bien-être des futures générations. Déclic est un réseau de cliniques qui a pour mission de faire briller le potentiel des enfants à besoins particuliers. Dévouée à sa cause, elle siège auprès de divers comités et conseils d’administration d’organismes dédiés à l’enfance. Elle a cofondé un projet de garderie pour les enfants avec des allergies alimentaires. Cadleen s’implique comme accompagnante au CHU Ste-Justine et participe à la mise sur pied d’une fondation pour l’accessibilité des services auprès des enfants vulnérables.


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