Rien de très surprenant à ce que je m’hérisse lorsqu’un malotru ose lancer aux visages de mes enfants : « Les gars, vous n’êtes pas des frères, vous êtes des demi-frères ».
Cette obligation à marquer la différence, à souligner le fait qu’ils n’ont pas tous les deux les mêmes parents…Ça m’exaspère! Cette micro incision réflective, cette remarque fade, apporte-t-elle vraiment quelque chose à la vie de mes garçons? Réconforte-t-elle minimalement cette personne qui se fait apôtre d’une généalogie sans ambiguïté? NON. Surligner au marqueur le fait qu’ils sont des « demi-frères » ne rime à rien.
Leur amour, celui qu’ils partagent les uns envers les autres, fait fi de cette « technicalité » biologique. Ils s’aiment tout entier. Ils s’admirent, s’adorent et se protègent. Ils sont des frères. Ils sont unis et je refuse de les séparer par un trait d’union.
Pourquoi ce besoin de tout placer dans des petites cases aseptisées? Pourquoi vouloir, absolument, mettre l’emphase sur une différence qui n’existe que dans un code ADN et dont on se fiche éperdument?
Être frères (ou sœurs), c’est beaucoup plus qu’une question de cellules communes ou de partage d’utérus. Être frères, c’est s’aimer sans condition, s’admirer et se respecter. Au-delà des gènes, à travers le temps, malgré la vie et les chicanes. Et puis, pour moi, il y a deux sortes de frères : ceux de sang et ceux que l’on se choisit, et dans aucun des cas, il n’y a de demis sentiments.
Il n’y a que des gens qui voient les situations à moitié.
Publication initiale le 30 mars 2017