Le phénomène des lutins, c’est une vraie épidémie. Impossible d’y échapper. Je déteste les lutins et paradoxalement, ça fait quatre ans (quatre longues années) que je m’évertue à élaborer des coups pendables pour les mettre en scène. Je suis donc l’artisan de mon propre malheur. Comment ai-je pu en arriver là?
Je le jure, j’ai tout fait pour que ce vent de folie nommé Lutins ne balaie pas la maison. En vain. Mon calvaire a commencé le jour où un Lutin Coquin s’est installé dans la classe maternelle de mon aîné. Le jour où mon fils a fait la connaissance des lutins, il a aussi découvert que tous les amis de l’école en avaient un (ou plus) dans leurs salons.
À partir de là, il ne vivait que d’espoir, entraînant ses frères dans sa lubie. Lui et ses frères souhaitaient ardemment découvrir un lutin. Le cinquième matin, leurs petites faces débinées ont eu raison de mes principes et de ma non-envie de faire vivre les lutins. Depuis, de petites blagounettes en supercheries, ça fait 120 tours que j’improvise. Et je ne suis toujours pas au bout de mes peines.
Mon plus vieux, qui aura bientôt 9 ans, croit encore aux lutins. Il y croit si fort qu’il écrit des lettres à celui qui parasite notre maison et qu’il s’endort toutes les nuits en pensant à son cher ami diabolique. À ce rythme, si mon plus jeune croit aux lutins avec autant d’intensité, j’aurai été contrainte d’improviser près de… 270 mauvais coups! C’est un cauchemar.
Qui pourrait avoir autant d’imagination? Qui? Personne. Et si mes enfants oublient toujours où sont leurs mitaines, ils se souviennent très bien de tous les tours joués par notre lutin. Il est donc hors de question de refaire la même bêtise deux fois. Je dois innover sans cesse.
Je hais les lutins
Je ne les aime pas parce qu’ils me rappellent à quel point je suis rendue paresseuse et confortable dans ma vie d’adulte. L’enfant en moi agonise et c’est ce que les lutins me rappellent. J’exècre les lutins parce qu’ils me jettent au visage le manque d’imagination dont je fais preuve.
Demandez à n’importe quel enfant et vous verrez : il n’aura aucun mal, lui, à inventer 270 mauvais tours pour un lutin…
Publication initiale le 13 décembre 2017